La République du travail
Dans son discours de clôture du Campus 2022 à Blois, Olivier Faure a exhorté les socialistes à mener la bataille culturelle pour faire prévaloir l’intérêt général et ne pas tomber dans les pièges tendus par ceux qui ne défendent que leur intérêt personnel.
La mauvaise querelle sur « l’assistanat » est désormais reprise par l’ensemble des droites jusqu’à l’Elysée », a déploré le Premier secrétaire du PS. « Les bénéficiaires du RSA ne sont plus les victimes d’un système qui ne leur a pas laissé de place, mais décrits comme les paresseux qui vivent au crochet de la société.
Je sais que m’opposant à ce discours, je ne risque pas la popularité. Mais je voudrais que chacun entende ce que j’ai à dire. Il est exact que ceux qui travaillent ont des revenus qui ne les distinguent pas assez des revenus de solidarité. Mais ce n’est pas parce que le montant des aides est trop important, c’est parce que celui des salaires est trop faible ! Ce qui n’est pas acceptable, c’est d’avoir aujourd’hui un salaire minimal si proche du seuil de pauvreté !
« Ce n’est pas parce que le montant des aides est trop
important, c’est parce que celui des salaires est trop faible ! »
Puisque nous invoquons, aujourd’hui, la mémoire de Léon Blum, revenons à la “ République du travail ” qu’il appelait de ses vœux. Et la République du travail c’est d’abord celle des travailleurs !
J’entends les Droites clamer hypocritement leur volonté de défendre la valeur travail. Mais quelle valeur lui accordent-ils s’il n’est pas correctement rémunéré ?
LREM, Agir, Modem, LR et RN ont rejeté dans un vote commun, l’augmentation du SMIC à 1 500 euros ! Au moment où l’inflation s’installe durablement et menace de dépasser toutes les prévisions, je veux rappeler aux “ rigoureux ”, aux bien-pensants qui en relativisent les conséquences : cette hausse des prix frappe d’abord les produits de première nécessité : énergie, alimentation, logement. Les effets de l’inflation sont beaucoup plus puissants pour les ménages modestes. Derrière les moyennes se cachent de profondes inégalités.
La République du travail, c’est un salaire qui permet de vivre dignement et de faire vivre dignement sa famille ;
La République du travail, c’est partager le pouvoir dans l’entreprise pour partager a richesse avec 50 % des salariés dans les conseils d’administration ;
La République du travail, c’est la protection contre les accidents de la vie professionnelle grâce au régime de l’assurance chômage ;
La République du travail, c’est reconnaître qu’à travail égal, le salaire doit être égal quel que soit son genre ;
La République du travail, c’est refuser la régression des droits des salariés par l’ubérisation de pans entiers de l’activité ;
La République du travail, c’est le droit au repos dès 60 ans, à commencer par ceux qui ont travaillé tôt et les 25% de Français qui s’usent en exerçant un travail pénible ;
La République du travail, c’est de refuser que la rente soit désormais moins imposée que le travail !
Aux nouveaux élus je le dis : ils vous inviteront dans leur loge pour assister aux grands évènements culturels ou sportifs. Ils vous feront goûter aux merveilles de la cuisine française dans les restaurants étoilés. Ils vous laisseront penser que vous appartenez au même monde, celui des éclairés qui connaissent la marche “ forcément inégalitaire ” du monde. Ils tenteront de corrompre vos esprits en vous incitant à partager un intérêt supérieur de la nation qui coïncide très exactement avec leurs intérêts propres.
Et vous leur répondrez ! En effet, il faut créer des richesses avant de les redistribuer. Mais le capital se transmet principalement par héritage et ses titulaires prennent des risques très calculés. Dès que leurs placements rapportent moins, ils sont les premiers à quitter le navire. Et quand il s’agit de lancer de nouvelles odyssées industrielles, lorsqu’il faut réaliser d’importants travaux de recherche, c’est toujours vers l’État que les industriels se retournent.
Oui il faut rémunérer le talent, mais qui peut justifier des écarts de salaires abracadabrants ? Les revenus des salariés fondent avec l’inflation et les patrons du CAC40 se voient accorder des rémunérations extravagantes qui ont doublé en 2020 pendant la crise sanitaire. Qui crée la valeur ? le dirigeant sans aucun doute, mais avant tout ce sont les milliers de salariés qui inventent, produisent, commercialisent. »
article publié dans le Cap Finistère n°1402 du 2 septembre 2022
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