Dès le 10 juillet 1940, les députés socialistes du Finistère, Jean-Louis Rolland et Tanguy Prigent choisissent le camp de la Résistance en refusant de voter les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain.
Durant toute la guerre, les militants de la SFIO ont pris une part active dans la Résistance, aux côtés des communistes et des gaullistes.
A peine les occupants sont-ils chassés du département que communistes et socialistes reprennent leur activité militante avec une légère avance pour les premiers semble-t-il. (voir témoignage de Marie Jacq)
Une nouvelle donne politique
Tanguy Prigent, Ministre depuis le 4 septembre 1944, résistant très actif pendant la guerre devient un homme politique de premier plan.
Les élections municipales d'avril et mai 1945 et les élections cantonales de septembre 45 confirment la poussée de la gauche dans le Finistère : le PC fait élire 32 maires et la SFIO 70. Mais les démocrates Chrétiens ( MRP ) avec 118 mairies deviennent la principale force politique du Finistère.
Les cantonales du mois de septembre confirment cette poussée de la gauche mais aussi la prédominance du MRP. Ainsi, au soir du second tour, le PC a 4 conseillers généraux, la SFIO 6, les radicaux 11, le MRP 16 et la droite 6. Par 22 voix contre 21, Yves Jaouen bat Hippolyte Masson, qui vient de prendre en charge la direction de la SFIO dans le Finistère, et devient président du Conseil Général.
Les 3 élections générales qui se déroulent entre octobre 45 et décembre 46 confirment la prédominance du MRP, du PC et de la SFIO sur la scène politique finistérienne. Tanguy Prigent et Jean Louis Rolland sont élus à la Constituante en octobre 45 et en juin 46 avec 21,47% la première fois et 21,82% la seconde.
Dans le même temps le PC obtient lui aussi 2 élus mais avec 22,02% en octobre 45 et 24,43% en juin 46.Coincée entre le MRP et le PC, cette stagnation de la SFIO est analysée au comité fédéral de Landerneau qui se tient le 6 juin 46.D'après le compte rendu de cette réunion, fait par Tanguy Prigent, il apparaît que la SFIO a du mal à se situer par rapport au PC et au MRP.Les échanges semblent vifs entre ceux qui estiment que "le Breton Socialiste a fait trop d'anticommunisme et pas assez d'anti-réactionnisme" et ceux qui dénoncent " la mauvaise foi du PC" qui fait " de la propagande de bouche à oreille et dans diverses organisations.
"La SFIO paye l'impopularité de certaines mesures de rigueur, les difficultés de la situation sociale et de la vie quotidienne aux lendemains de la guerre ; par la suite sa participation aux majorités de 3 forces (avec le MRP) brouille son image et donne des armes à un PC agressif et conquérant. Mais le comité fédéral est d'accord sur un point : la SFIO doit redoubler d'effort, en particulier en direction des jeunes et des femmes.(1) Au congrès de Châteaulin, le 21 mai 1950, Tanguy Prigent succède à Hippolyte Masson au poste de premier secrétaire fédéral. L'élu de Saint Jean du Doigt mène une politique de développement de la SFIO, en particulier dans le nord Finistère. Ainsi au cours de l'année 1952 les sections du Conquet, de Saint Renan, d'Hanvec, de Lesneven, de Lannilis, de Brignogan, de Plouigneau et de Guerlesquin sont mises en place ou reconstituées.
En 1954, malgré des efforts évidents la SFIO n'est que la 3eme ou la 4eme force politique du Finistère.
Et la politique menée par Guy Mollet, en particulier sur la question algérienne va contribuer à affaiblir encore le parti socialiste.(1) Malgré nos recherches, nous n'avons pas pu retrouver plusieurs adhérentes à la SFIO du Finistère. Force nous est faite de constater le manque de militantes à la SFIO, comme dans les autres partis politiques d'ailleurs.
Les personnes interrogées nous ont affirmé qu'il y avait très peu de femmes dans leurs sections ( dont marie Jacq déjà citée ) Il faudra attendre quelques années encore ( fin des années 60 apparaissent les noms de mesdames Planquette, Martinais et Broustail ) pour voir les sections s'entrouvrir aux femmes. C'est aussi le début des combats féministes dans la société civile.
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