Si on ne tient compte que de la part du PIB (Produit Intérieur Brut) la Bretagne est la 10e région française. Mais si on élargit les critères en y intégrant des dimensions sociales et éducatives, elle arrive en première position. C’est ce qui ressort de la note publiée par Florence Jany-Catrice et Grégory Marlier, La santé des nouvelles régions françaises et son évolution (2008-2016).
« En 2008, nous avions élaboré un indicateur multidimensionnel visant à estimer, pour l’année 2004, le bien-être social dans les régions françaises. Fruit de délibérations collectives, cet indicateur avait été sélectionné par la commission Développement durable environnement de l’association des régions de France dans son panorama d’autres indicateurs de richesse, permettant aux régions françaises de partager une définition commune du développement social des territoires (ARF, 2012). Il avait été retenu comme un des indicateurs clé de la première proposition de loi d’Eva Sas (2014) », explique Florence Jany‐Catrice.
À l’origine, la Région Nord‐Pas‐de Calais avait confié à Florence Jany‐Catrice la territorialisation du baromètre des inégalités et de la pauvreté. Devant le manque de données à disposition et les moments décisifs de sélection et de choix, l’économiste a décidé de mettre en œuvre, avec l’aide de la Région, une expérimentation de concertation participative autour de l’élaboration d’un Indice de Santé Sociale (ISS).
Le premier intérêt de l’élaboration de l’ISS réside donc dans la dynamique de sa construction avec le souci de faire valider cette démarche par la société civile organisée, le Conseil régional et les chercheurs ont mis en place des groupes de travail hétérogènes, regroupant des experts, des collecteurs de données sociales aux niveaux territoriaux, des fonctionnaires territoriaux (techniciens de la Région et des Départements) et des associations. De nombreuses associations (les associations mobilisées étaient engagées dans des projets ayant trait à la pauvreté : les Restos du Cœur, le Secours Populaire, la Fédération Nationale des associations d’Accueil et de Réinsertion Sociale), aux inégalités de logement (Droit au Logement), aux inégalités entre hommes et femmes (CORIF)) ont accepté de prendre part au projet parce qu’il leur donnait l’opportunité d’exprimer des réalités complexes qu’ils observaient sur des terrains parfois très microsociaux.
L’ISS est donc un indicateur composite qui intègre les dimensions revenu, travail et emploi, éducation, logement, santé et lien social et sécurité. Chaque dimension de la santé sociale est composé d’une ou plusieurs variables.
Pour celle du revenu, par exemple, elle tient compte du taux de surendettement des ménages, des revenus disponibles par unité de consommation ou du taux de familles pauvres avec enfants.
Le lien social et la sécurité sont englobés dans une même dimension. La sécurité physique est évaluée grâce au nombre de crimes et délits. Le lien social, quant à lui, est défini en fonction de deux critères : le nombre d’associations créées dans l’année et la part de l’emploi dans l’économie sociale et solidaire.
En tenant compte de tous ces critères, la Bretagne et les Pays de la Loire se classent en tête des régions françaises.
Avec le recul, il est possible d’étudier l’évolution de l’ISS de chaque région et ainsi de dégager des groupes de régions, en sachant que la crise de 2008 a provoqué une chute spectaculaire de l’ISS dans certaines régions, comme l’Île‐de‐France, le Centre‐Val de Loire, notamment. Mais aussi, dans une moindre mesure, le grand Est, la Nouvelle Aquitaine et la Bretagne. Il a fallu attendre 2012 pour que l’indice reparte à la hausse.
Sur la période 2008/2016 l’indice de santé sociale permet donc de déterminer quelques groupes de régions. Celle qui ont un niveau d’ISS inférieur à la moyenne nationale et qui, en plus, voient leur situation se dégrader comme l’Île‐de‐France. Le Centre‐Val de Loire et le Grand Est aussi voient leur indice se dégrader, mais elles se situent dans la moyenne.
Des régions telles que la Normandie, PACA et les Hauts‐de‐France ont un niveau d’ISS inférieur au niveau métropolitain, mais ont connu une santé sociale plutôt dynamique. La Bretagne et les Pays de la Loire se classent, quant à elles, parmi les régions qui ont un Indice de Santé Sociale supérieur à la moyenne nationale et qui, en plus progresse, leur permettant de rester en tête du classement.
Article publié dans le Cap Finistère n°1333 du 27 novembre 2020
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