La décentralisation sera, à n’en pas douter, l’un des axes forts du projet porté par Anne Hidalgo.
« À condition de sortir des débats techniques et technocratiques dans lesquels elle est trop souvent cantonnée », a prévenu Johanna Rolland, au campus de Blois. « Parce que derrière cette idée, on trouve des enjeux très concrets, pour la vie quotidienne des
Françaises et des Français. »
Ce gouvernement a semblé redécouvrir les vertus d’un dialogue avec les territoires. Mais la réalité est implacable : lorsque la crise sanitaire a commencé à souffler fort et qu’il a fallu trouver des masques et des tests, les préfets ont réalisé l’effondrement d’une partie de la capacité logistique de l’État. « Aujourd’hui, la puissance logistique est en grande partie du côté des collectivités », a insisté la maire de Nantes.
« Les citoyens ont souvent l’impression que les élus, lorsqu’ils évoquent les transferts de compétences, cherchent surtout à préserver leur pré carré. » Et pourtant, « les discussions de fond que nous avons entre nous visent à trouver le meilleur niveau d’efficacité. Qu’il s’agisse des enjeux de santé ou de mobilité, la question est : comment répondre au mieux aux aspirations des citoyens partout ? ».
« La République est une et indivisible mais elle est diverse. »
En effet, la République est une et indivisible mais elle est diverse. Les réponses qui sont les plus justes chez l’un ne sont pas obligatoirement celles qui seront les plus justes chez l’autre.
L’autre enjeu du débat présidentiel portera sur l’autonomie des collectivités locales qui est pourtant consacré dans notre constitution. « Mais, en réalité, elle ne cesse d’être rognée, petit à petit, insidieusement. Comme quand l’État, au début du quinquennat, a limité les dépenses de fonctionnement la trajectoire des 1,2 %. La République du réel c’est celle qui dit que ce n’est pas à partir des tableurs de Bercy qu’on peut diriger le pays parce que sinon on prend des décisions totalement inefficaces. »
Cette nouvelle étape de la décentralisation est indispensable pour bâtir un nouveau modèle français. « Les transitions passeront par ce nouveau modèle, car qui mieux que les régions sont capables de penser une stratégie de réindustrialisation et de relocalisation si nécessaire. Qui peut douter que les filets de solidarité que l’on peut poser dans les départements ont une importance déterminante ? »
Pour Johanna Rolland, il faut appeler à « un nouveau contrat entre l’État et les territoires » et mieux répartir les interventions de chacun. « Nous avons besoin d’un État fort sur le régalien, sur l’Éducation nationale, sur la justice, sur les enjeux de sécurité. En revanche, je pense que l’État doit laisser les territoires faire ce qu’ils savent, aujourd’hui, mieux faire parce que la capacité d’invention, la capacité d’imagination est clairement de leur côté. »
Article publié dans le Cap Finistère n° 1371 du 22 octobre 2021
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