« L’horreur absolue de ce crime suppose une réaction d’unité de la nation », a insisté Olivier Faure, au lendemain de l’ignoble assassinat dont Samuel Paty a été victime, dans une interview accordé à Marianne. « C’est l’école républicaine, laïque et émancipatrice qui a été visée par ce terroriste fanatisé par l’islamisme radical. C’est l’enseignement la cible, et Samuel Paty la victime expiatoire. Le mobile, c’est la volonté de faire obéir la République à un ordre supérieur. Nous sommes à un tournant. Notre réaction doit être puissante. On ne touche pas aux enseignants qui transmettent notre socle commun de valeurs !
Certains ont pu croire que le combat contre le terrorisme islamiste était derrière nous. Mais il n’en est rien. Aujourd’hui, c’est l’école qui a été la cible, c’est-à- dire le premier maillon dans la chaîne de transmission des valeurs de la République. »
En février 2020, alors que la DGSI venait de procéder à l’interpellation de plusieurs suspects dans le Finistère, nous avions interrogé Hugo Micheron, auteur du « jihadisme français », l’un des meilleurs spécialistes de l’Islamisme. À la lecture de son ouvrage, on ne peut tirer qu’une conclusion : la menace jihadiste est devant nous. En effet, on peut évaluer à 2000 le nombre de jihadistes dans notre pays.
En outre, nous, les Français, constituons clairement une cible privilégiée pour ces fanatiques : « la France est considérée, par les jihadistes, comme le fer de lance idéologique de l’Occident. La république laïque, le contrat social français représentent tout ce qu’ils
détestent. D’ailleurs, il est ressorti des entretiens que j’ai mené, que les terroristes avaient sous-estimé la solidité du tissu social français et son attachement à la République. Ils pensaient vraiment que les attentats de 2015 fractureraient la société française », nous expliquait, au mois de février, Hugo Micheron. D’ou l’importance de ne pas tomber dans leur piège et de préserver la cohésion nationale. D’autant que nous savons que d’autres attaques interviendront. Aujourd’hui, dans les prisons, des centaines de jihadistes mettent à profit leur période de détention pour recruter et se former idéologiquement.
Depuis les années 70, la sociologie a eu tendance à considérer la prison comme un lieu en dehors du temps. Or il n’en est rien. Non seulement la peine d’emprisonnement ne « déradicalise » pas les intégristes, mais en outre elle leur permet de poursuivre sous d’autres formes leur guerre contre la République.
Sachons, collectivement, être à la hauteur du défi que nous lancent les islamistes. « Il ne faut pas baisser la garde », a prévenu Olivier Faure. « Personne ne peut prétendre vaincre l’hydre fanatique en quelques semaines ou mois. Le combat contre l’islamisme radical sera long et nous le mènerons sans renier nos principes. »
Article publié dans le Cap Finistère n°1329 du 23 octobre 2020
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