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mercredi 25 décembre
Lait contaminé : plus jamais ça !
 
« Nous avons l’impression de nous trouver face à un mur », dénonce Quentin Guillemain, président de l’Association des Familles Victimes du Lait Contaminé aux Salmonelles (AFVLCS

 

Cap Finistère : Pourquoi vous êtes-vous engagé dans ce combat ? 
Quentin Guillemain : Ma fille avait six mois lorsque nous avons appris, le 2 décembre 2017, qu’elle avait consommé du lait potentiellement contaminé à la salmonelle. C’est pour éviter à d’autres parents de se retrouver dans la même situation que je me suis engagé. Il faut bien avoir conscience que ce type d’événement est particulièrement traumatisant et pénible à vivre pour les parents. 
L’AFVLCS compte plus de 700 familles. Cependant, dans cette affaire, nous ne disposons pas des informations nécessaires pour connaître exactement l’ampleur du scandale. Nous devons nous contenter d’estimations mais nous savons que plusieurs dizaines de millions de boîtes de lait et aussi de solutions de ré-hydratation, étaient potentiellement contaminées. Plusieurs centaines d’enfants ont été hospitalisés. Mais les tests pour déterminer si les enfants sont victimes de « simples » gastro-entérites ou de salmonellose ne sont effectués qu’en dernier recours. 
Et il ne faut pas oublier qu’à l’étranger aussi des boîtes de lait ont été consommées. 

 

Cap Finistère : Que pensez-vous des conclusions de la commission d’enquête parlementaire ? 
Quentin Guillemain : Ce scandale a commencé en 2005. Sans l’intervention médiatique des parents il n’y aurait pas eu les auditions au Sénat, ni la commission d’enquête parlementaire. Ses conclusions vont dans le bon sens. Elles reprennent les propositions que nous avancions dès le mois de janvier. Mais maintenant, il faut les mettre en oeuvre. Or, nous ne voyons rien venir. Tout le monde, y compris le ministre de l’Économie, à deux reprises, réclame la création d’un site internet unique où les producteurs et les distributeurs auraient l’obligation de publier, en toute transparence, les informations sur le retrait des produits. Techniquement, la création d’un tel site ne pose pas de difficulté mais rien n’a encore été fait. 
Dans le cadre de la loi sur une alimentation saine, nous avions proposé un certain nombre d’amendements consensuels que des députés de la majorité s’étaient même engagés à porter. Or, aucun n’a été adopté. 
Lorsque le scandale est sur la place publique, chacun multiplie les déclarations de bonne intention. Mais dès que les projecteurs ne sont plus braqués sur ce sujet, plus rien ne se passe. 
On a l’impression que chaque ministère (Agr icul ture, Santé, Économie) défend son pré carré et son petit pouvoir local, et rien ne change. 
Lorsqu’on demande au préfet de nous expliquer les raisons pour lesquelles il a autorisé la réouverture de l’usine, nous nous heurtons à une fin de non-recevoir alors même que nous sommes en droit d’être informés. Mais c’est comme ça depuis le début de l’affaire. Il faut se souvenir qu’il a fallu plus d’un mois pour que les ministres acceptent d’évoquer ce scandale : il a été révélé le 2 décembre et ce n’est que début janvier que les ministres ont demandé des comptes à Lactalis. Nous avons clairement l’impression que les intérêts économiques priment sur l’intérêt général. 

 

Cap Finistère : Vous plaidez également pour que les laits infantiles soient enfin considérés comme des médicaments. 
Quentin Guillemain : Absolument, et en particulier pour les produits premier âge. Et ça serait d’ailleurs logique puisqu’une partie du prix de certains de ces laits est remboursée par la sécurité sociale. Les contrôles effectués sur les médicaments sont bien plus stricts et surtout les procédures de retraits sont nettement plus efficaces. Depuis ce scandale, nous savons que des produits infantiles d’autres marques ont encore été retirés mais les parents n’en ont été informés que plusieurs semaines après. 

 

Cap Finistère : Cette opacité est d’autant plus surprenante que la filière laitière française a tout à gagner à miser sur la qualité. 
Quentin Guillemain : Tout à fait. Nous ne cessons de répéter que cette filière n’est pas notre ennemie. Au contraire, ils ont tout à gagner à mettre en place les procédures totalement transparentes qu’attendent les parents pour redorer l’image de ces professions. 
Aujourd’hui, six mois après les contaminations, nous demandons principalement deux choses : d’abord la nomination d’un juge d’instruction qui pourra instruire cette affaire en toute indépendance. Ensuite, que les propositions de la commission d’enquête soient enfin mises en oeuvre. On nous annonce une proposition de loi pour le second semestre 2018 mais nous n’avons pas plus d’information, ni sur le contenu de cette proposition, ni sur l’agenda de son examen. 

 

Interview publiée dans le cap Finistère n°1237 du 31 août 2018




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