Langues régionales : atout pour notre développement ?
La question de la place accordée en France aux langues régionales a toujours suscité des débats. Sans remonter à l’édit de Villers Cotterêts, la politique linguistique de la IIIe République a été particulièrement violente. Mais n’est-ce pas inhérent à un régime à la fois républicain, et qui doit donc garantir l’unité de la nation, et démocratique, qui doit préserver la liberté de chacun.
« La Constitution de la Ve République elle-même renforce cette ambiguïté », constate Arnaud Platel, secrétaire fédéral en charge du projet. « République indivisible » (article 1er) dont la langue est le Français (article 2), la France n’en reste pas moins « démocratique » (article 1er) et protectrice des langues régionales, parties intégrantes de son « patrimoine » (article 75-1). Défis adressés à l’intégrité de la République, les langues régionales n’en restent donc pas moins légitimes dans un pays démocratique faisant du pluralisme un système d’organisation et de la « liberté » et de l’« égalité » des « valeurs incompressibles ».
Pourtant, la survie des langues régionales en France est loin d’être garantie. Tendance démographique naturelle ou fruit d’une réticence politique ? Les deux arguments se confondent tant nombre de nos responsables, par conviction ou manque d’intérêt, se désolidarisent de langues considérées à tort comme vouées à disparaître. Pire : en les reléguant au rang de « patrimoine », notre Constitution même semble en faire un obstacle au progrès.
« Et si, au contraire, la défense des langues régionales avait tout à voir avec le progrès ? », s’interroge Arnaud Platel. « Si, loin d’être un repli sur soi, elle participait de la modernisation du combat pour la justice sociale et de la lutte pour le développement économique de nos territoires ? Et ce en réduisant les fractures territoriales et générationnelles, en reconnaissant le pluralisme des cultures et des modes de vie et en dégageant un horizon politique émancipateur, condition d’une démocratie accomplie. »
Pour apporter des réponses à ces questions, la Fédération du Finistère du Parti Socialiste a décidé d’organiser une conférence et de donner la parole à des experts, pas nécessairement membres du PS. C’est ainsi que Malo Bouëssel du Bourg, directeur général de Produit en Bretagne, Lena Louarn, vice-présidente chargée des langues de Bretagne au Conseil régional de Bretagne, Paul Molac, député du Morbihan et conseiller régional de Bretagne, et Bernez Rouz, président du Conseil culturel de Bretagne, interviendront, débattront et répondront aux questions du public le samedi 21 septembre 2019 à 10 h 00 à l’Espace Benoîte-Groult de Quimperlé.
Entrée libre et gratuite.
Article publié dans le Cap Finistère n°1280 du 13 septembre 2019