Le Breton du futur
Comment vivra le Breton du futur ? Où habitera-t-il ? Où travaillera-t-il ? Comment se déplacera-t-il ? Voici quelques questions légitimes qu’on peut se poser lorsqu’on se projette à l’horizon 2040. L a loi NOTRe a prévu que les régions devront se doter d’un schéma régional d’aménagement et de développement durable du territoire (SRADDT). Cette disposition est intervenue à peu près en même temps que la COP21. Le Conseil régional aurait pu, avec quelques experts, rédiger son SRADDT à Rennes, pour ensuite l’imposer aux autres collectivités. « Ce n’est pas du tout le chemin que nous avons choisi, bien au contraire », a expliqué Loïg Chesnais-Girard le 3 octobre à Pont-de-Buis lors d’une réunion de présentation de la Breizh Cop. « Nous préparons la Bretagne des enfants qui entrent aujourd’hui en maternelle », a résumé le président du Conseil régional. « Nous la voulons vivante, attirante, dynamique et saine ». Le débat s’organise autour de trois points : la mobilité pour tous, l’égalité des territoires et la protection du climat. Plusieurs questions sont en débat. Comment préserver le foncier agricole et limiter l’étalement urbain ? Comment organiser les déplacements ? Peut-on tout miser sur la voiture individuelle ? Comment faire évoluer notre modèle agricole ? Comment aider l’industrie alimentaire à recadrer alors que la pénurie de main-d’œuvre devient problématique ? « Nous préparons la Bretagne des enfants qui entrent aujourd’hui en maternelle. » Les engagements qui découleront de la Breizh Cop seront de plusieurs natures. D’abord, bien évidemment, ce travail débouchera sur l’élaboration du SRADDT. Ce document s’imposera aux SCOT et aux PLU. Il sera donc nécessaire qu’il soit accepté par les territoires. Mais la majorité régionale veut aller encore plus loin et profiter de ces débats pour enclencher une dynamique vertueuse dans laquelle peuvent s’inscrire entreprises, associations, collectivités ou citoyens qui peuvent spontanément s’engager à réduire leur consommation de plastique, à bannir les produits phytosanitaires ou à développer leur flotte de véhicules électriques ou de vélos. Les conclusions de la Breizh Cop auront des impacts sur l’ensemble des politiques de la Région et conduiront à revoir l’ensemble des dispositifs afin de vérifier s’ils s’intègrent dans la démarche qui sera adoptée. Les contrats passés entre la Région et les autres collectivités bretonnes seront revus à cette aune. « Nous ne pourrons plus financer des projets qui iraient à l’encontre des objectifs de la Breizh Cop », a prévenu Loïg Chesnais-Girard. « Notre démarche est audacieuse et peut-être risquée », a reconnu le président du Conseil régional, « mais ce défi mérite d’être relevé, collectivement ».
Une méthode participative
La Breizh Cop engagera durablement l’avenir de la Bretagne car, le SRADDT sera opposable aux schémas des autres collectivités bretonnes. D’où l’importance de bien mesurer les enjeux et de faire participer tous les représentants des forces vives et des collectivités locales afin que les objectifs et les propositions pour les atteindre soient élaborés en commun et recueillent l’assentiment du plus grand nombre. C’est pour cette raison que le Conseil régional a multiplié les modes de consultation des Bretonnes et des Bretons et que son président, Loïg Chesnais-Girard, a entrepris un Tro Breizh pour expliquer la philosophie de la Breizh Cop.
Un site Internet participatif dédié a également été mis en ligne pour recueillir leurs propositions. La soirée s’est déroulée en plusieurs temps. D’abord, le président du Conseil régional a replacé la Breizh Cop dans son contexte, puis a répondu aux questions des représentants des forces vives. À Pont-de-Buis, elles ont porté sur la place de la culture bretonne, le développement des déplacements doux, la préservation des terres agricoles, l’avancement du dossier de la mise de Paris à trois heures de Brest et Quimper. Après ce moment d’échanges, en petits groupes, les participants à cet atelier participatif ont donné leur point de vue sur des enjeux. « Armés » de cartons rouges, verts ou jaunes, ils ont répondu à des questions portant sur les défis que la Bretagne doit relever. L’année 2019 sera marquée par un grand événement citoyen régional, afin de finaliser le projet, ses moyens d’action et les engagements des acteurs bretons. Le projet de schéma sera arrêté et l’enquête publique sera lancée. À la suite de cette phase de concertation et d’évaluation réglementaire, la version finale du projet sera soumise au vote des élus régionaux, en vue d’une entrée en vigueur dès 2020.
Article publié dans le Cap Finistère n°1242 du 12 octobre 2018