« Le compte n’y est pas. » C’est par cette formule que l’ensemble des associations qui interviennent auprès des jeunes ont accueilli la
proposition de Contrat Engagement Jeune.
D’abord, la réponse du gouvernement est bien tardive. Ce dispositif n’entrera en vigueur qu’en mars 2022, soit deux ans après le
début de la crise sanitaire.
Ensuite, cette mesure est insuffisante. Le premier ministre a annoncé 400 000 places alors que 200 000 garanties jeunes étaient déjà annoncées et que 100 000 jeunes sont déjà accompagnés par Pôle Emploi. En réalité, le gouvernement n’a annoncé que 100000 places supplémentaires.
Or, La France compte entre 835000 et 1 million de jeunes de 16à25ansquinesontnienemploi,ni en études, ni en formation, ce qui signifie que près de 500 000 d’entre eux resteront exclus du dispositif. « Votre réponse, en outre, ignore la situation des étudiants et des jeunes précaires », a insisté Boris Vallaud. « À ceux-là non plus, vous ne proposez pas grand-chose. Que faut- il attendre, d’ailleurs, de ce contrat réservé aux jeunes “ durablement sans emploi ni formation ” ? Que signifie le terme “ durablement ” ? Nul ne le sait. »
Ce contrat d’engagement est particulièrement inadapté aux jeunes les plus fragiles. « D’abord, parce que les conditions dont vous assortissez le dispositif portent en elles le risque de l’exclusion. Vous êtes dominés par le fantasme de l’assistanat, par ce mantra que l’on pensait réservé à la Droite, mais que vous avez fait vôtre. »
Ce que le gouvernement propose aux jeunes, ce sont d’abord des devoirs
Les jeunes les plus fragiles sont oubliés
et ensuite, éventuellement, des droits.
« Mesurez l’incongruité que nous avons souvent dénoncée : on est majeur à 18 ans sur le plan civique, mais à 25 ans seulement sur le plan social », a rappelé le député des Landes.
Même son de cloche du côté d’ATD Quart Monde qui, dans un communiqué, considère que « la durée maximale du Contrat d’Engagement, fixée à 12 mois (renouvelable 6 mois sous conditions), reste un obstacle majeur à son succès. Pour ATD Quart Monde, une sortie rapide ne devrait pas être le but ultime d’un dispositif. Au contraire, pour les jeunes les plus exclus, ces limites de temps sont anxiogènes : elles ne permettent pas de se projeter dans une orientation choisie, ni d’accéder à un logement stable et sont contraires à l’engagement du gouvernement d’établir des parcours sans rupture. À un programme qui privilégie l’intensité, nous préférons insister sur la qualité et la globalité de l’accompagnement et la disponibilité des référents. »
Enfin, l’accompagnement, confié à Pôle Emploi, dont ce n’est pas tout à fait le métier, ou à des associations, dont ce n’est pas forcément le rôle, ignore les jeunes les plus fragiles et les plus éloignés de l’emploi, notamment ceux qui sortent de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) et qui ont besoin d’un accompagnement incluant une dimension médico-sociale.
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