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mercredi 25 décembre
Le jour d’après…
À quoi ressemblera le jour d’après ? Si jour d’après il y a… Voilà la question que le Think tank L’Hétairie, en collaboration avec la Fédération du Finistère du Parti Socialiste, a posé à quatre personnalités bretonnes qui, depuis le 26 juin 2016, se préparent au Brexit : Forough Salami- Dadkhah, vice-présidente de la Région en charge des politiques européennes, Olivier Le Nézet, président du comité régional des pêches, Jean-Marc Roué président de la Brittany Ferries, et Jean-Pierre Stéphan, responsable régional de Solidaires Douanes. 
« Dès l’annonce du Brexit, le président du Conseil régional a demandé au Conseil économique, social et environnemental de Bretagne de travailler sur ses conséquences pour notre région », a rappelé Forough Salami-Dadkhah. En outre, des représentants de la Région ont, à de nombreuses reprises, rencontré les négociateurs européens pour leur faire part des attentes mais aussi des inquiétudes de la Bretagne. 
Très rapidement, il est apparu que certains secteurs d’activité seraient plus touchés que d’autres : la pêche et le mareyage mais aussi le transport de passagers et de fret. « Mais il ne faut pas oublier la dimension universitaire puisque nos facs et nos grandes écoles étaient engagées dans plusieurs coopérations très prometteuses avec leurs homologues d’Outre-Manche », a insisté l’élue régionale. 
Pour la Britanny Ferries, les conséquences du vote du 26 juin 2016 se sont faites sentir presque instantanément : « Notre clientèle est à 80 % britannique. Or, la livre a perdu 15 % de sa valeur dès l’annonce du résultat », a rappelé Jean-Marc Roué. 
Depuis l’annonce du Brexit, les syndicats des Douanes tirent la sonnette d’alarme. 
La réponse de l’État, qui consiste à développer les « frontières intelligentes » (smart border) n’est pas satisfaisante pour lui. « Il faut contrôler les camions et les containers et ne pas se contenter de faire confiance à l’intelligence artificielle », estime-t-il. Afin d’attirer l’attention des pouvoirs publics sur les difficultés. 
C’est bien sûr dans le secteur de la pêche qu’on rencontre le plus d’inquiétudes. D’autant que les pêcheurs ont joué un rôle important dans la campagne en faveur du Brexit. Pour Olivier Le Nézet, l’accès aux eaux mais aussi à la ressource sont essentiels. 
Quelques chiffres suffisent pour avoir une idée des enjeux que doivent affronter les pêcheurs : 600 000 tonnes sont pêchées dans les eaux britanniques tandis que les Britanniques, qui exportent quasiment toute leur production, n’en pêchent que 100 000 tonnes dans les eaux de l’UE. 
120 navires sont concernés en Bretagne. L’équilibre difficilement atteint entre les pêcheurs français, espagnols et britanniques risque d’être remis en cause et des zones de tensions pourraient apparaître. Sans compter que, une fois sortie de l’UE, la Grande- Bretagne pourrait donner accès à ses eaux aux plus offrants. Des pays comme la Chine ou la Corée pourraient ainsi être les grands bénéficiaires du Brexit. 
Personne ne peut dire à quoi ressemblera le jour d’après. Même pas les Anglais qui savent ce qu’ils ne veulent pas mais ne savent pas ce qu’ils veulent. D’où la difficulté pour la puissance publique, mais aussi les entreprises, d’anticiper les conséquences d’un événement qui pourrait ne pas intervenir. 
L’État français annonce que notre pays sera prêt. Mais comment pourrait-il tenir un autre discours ? En vérité, personne n’est prêt car il n’y a aucun précédent : jamais un pays intégré depuis plus de 40 ans dans l’Union européenne n’est redevenu un pays tiers. Or, cela implique de nouvelles installations comme des postes de douanes ou des locaux adaptés pour les contrôles sanitaires et vétérinaires. Sans compter les nouvelles formalités que devront effectuer les entreprises qui jusqu’à présent en étaient dispensées. 
Quelques jours après cette conférence qui mettait en exergue l’énorme incertitude qui règne en Grande-Bretagne et l’indécision qui prévaut à Londres, Theresa May annonçait son départ du 10 Downing Street… Bien malin celui qui pourra décrire le jour d’après…
 
Article publié dans le Cap Finistère n°1272 du 31 mai 2019



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