S’efforcer de décrédibiliser son adversaire en nourrissant le climat de suspicion généralisé contre les élus est non seulement malhonnête, mais c’est un comble pour un homme politique qui prétend lutter contre le populisme ! » À l’issue de la session du Conseil départemental, qui s’est tenue le 26 juillet,
Nathalie Sarrabezolles a vivement dénoncé les méthodes utilisées par le nouveau président du Conseil départemental.
Cette rhétorique alimente le populisme
En effet, plutôt que d’instaurer un débat démocratique basé sur le développement d’arguments politiques, Maël de Calan a, de nouveau, utilisé un outil de communication simple, efficace et dangereux : la falsification par l’exagération.
Sur quoi repose la rhétorique de Monsieur de Calan ? En partie sur un sujet qui peut paraître anecdotique dans le budget et les missions du Conseil départemental : les moyens d’exercice des mandats. En procédant de la sorte, il vise surtout à exploiter le soupçon, le climat délétère contre les élus, tout en semblant résumer la politique départementale de la Gauche à cette question.
« Maël de Calan a, de nouveau, utilisé un outil de communication simple, efficace et dangereux : la falsification par l’exagération. »
Il est de notoriété publique, et facile à prouver, que la Gauche, arrivée au pouvoir en 1998 au Conseil général, a notablement changé les habitudes des élus et réduit le train de vie de la collectivité. La sobriété était de mise et cela a été le cas jusqu’en juin dernier.
Pourquoi alors exagérer la réalité des moyens d’exercice des élus alors qu’il suffisait de les exposer dans leur vérité ? Tout simplement pour tenter de nous décrédibiliser et de nous affaiblir. Nous avons tous entendu l’adage : « Exagérer n’est pas mentir ». Nous savons toutes et tous qu’il est faux : exagérer c’est bien mentir. À l’instar de certains modèles populistes, Monsieur de Calan crée des « faits alternatifs » en partant de la vérité qu’il déforme. La vérité est que sur les plus de 1 000 véhicules du Conseil départemental, il y en a 5 réservés aux 5 agents, sur 3 800, qui se consacrent aux missions d’accompagnement des élus, de transmission de divers documents et autres courses, etc., des missions de service public au même titre que les autres missions support ou ressource.
Mark Twain écrivait : « Le mensonge a le temps de faire le tour de la Terre avant que la vérité ne mette ses chaussures ». Une manière de dire que même la vérité ne suffit pas à effacer un mensonge. C’est le ressort de la rumeur et de la diffamation. Il en est de même pour un mensonge par exagération. Pire, un mensonge qui contient une part de vérité (il y a en effet des moyens d’action dévolus à l’exercice des mandats), est très ardu à combattre. C’est cette logique que Monsieur de Calan met en œuvre. Pour quelle raison ? Assurément pour jeter le discrédit et le doute sur la probité des élus de l’ancienne majorité.
Il a réitéré cette intention sur un deuxième axe lors de la dernière séance plénière, en remettant en cause la sincérité des budgets du Conseil départemental. C’est une habitude bien rodée lors des alternances politiques. Objectif double : d’abord mettre en doute la sincérité des équipes précédentes et, ensuite, il faut bien le dire, préparer le terrain pour pouvoir leur imputer l’impossibilité de la nouvelle majorité à mettre en place les promesses électorales. Un audit est commandé. Pourquoi pas ? Mais il faut savoir que des contrôles nombreux existent déjà concernant les budgets des collectivités. Le compte de gestion du payeur départemental accompagné de ses commentaires, déjà, est produit chaque année. Le Département fait, en outre, régulièrement l’objet de contrôles de la chambre régionale des comptes. Il serait également possible de continuer ce que nous avions mis en place : mener une évaluation présidée par une personne extérieure et associant l’opposition aux travaux afin que l’analyse
contradictoire, la seule qui vaille, soit réalisée. Un audit commandé à un cabinet, chacun le sait, c’est simplement la commande unilatérale d’une équipe en place à un prestataire de service qui doit satisfaire son client et ses objectifs de résultats partisans. Corroborant cet aspect purement politicien et communicationnel, cette annonce d’audit s’est d’ailleurs accompagnée d’un vote par la Droite finistérienne du compte administratif lors de la dernière séance plénière. S’il y a le moindre doute sur la sincérité des comptes qui sont présentés, au mieux, on s’abstient, mais on ne les approuve pas. Nous en sommes donc arrivés à cet étrange paradoxe : la Droite précise en séance que les finances sont bonnes, approuve les comptes, mais commande un audit.
« Ce n’est pas à ses adversaires que Monsieur de Calan porte un coup, c’est à la démocratie. »
Faire vivre la démocratie, c’est faire vivre le désaccord et, soit trouver le meilleur compromis, soit trancher par la majorité, sur des sujets de fond. Argument contre argument et appel au verdict des urnes pour départager les projets. Il existe bien des désaccords de fond, entre la majorité de Monsieur de Calan et la précédente majorité de Gauche. Ils suffisent à nourrir utilement le débat de société sur le chemin que nous souhaitons collectivement prendre dans les années à venir, pour faire face aux enjeux majeurs qui sont devant nous.
Le mensonge fausse ce débat et altère la démocratie. À une époque de grande incertitude, où la cohésion est en péril, il est dangereux de jouer avec le feu de cette manière. Le respect des citoyennes et des citoyens, c’est le respect de leur libre-arbitre, de leur capacité à décider sur la base de faits vérifiables et vérifiés, sur la base d’arguments débattus.
Partager |