« Nous sommes profondément pro-européens. “La France est notre patrie et l’Europe est notre avenir ”, disait François Mitterrand. Nous savons que pour répondre aux grands défis de demain, il va falloir accepter l’idée que ce que nous avons conquis pendant un siècle au niveau des États-nations doit l’être au niveau continental et même, après-demain, au niveau mondial. C’est le désaccord que nous avons avec une partie de la gauche qui ne croit pas en l’Europe. Mais qui peut croire qu’il existe un avenir pour le climat sans passer par l’Union européenne ? Qui peut croire que ce défi environnemental pourra être relevé par la France seule ? Il n’y a pas de combat écologique possible, et c’est le message de Nicolas Hulot, sans régulation, sans maîtrise de ce qu’est devenue aujourd’hui la globalisation libérale. Ce combat-là c’est celui que nous portons depuis un siècle pour maîtriser le capitalisme, faire en sorte que nous le domptions. Que nous fassions en sorte que l’Humain soit notre priorité. Ce débat climatique est en lien étroit avec le débat migratoire. (…) Depuis que l’histoire de l’humanité a commencé, rien n’arrête les femmes et les hommes lorsqu’il fait trop chaud ou trop froid, quand il y a la guerre, quand il y a la torture. Rien ne les arrête, ni les murs de Monsieur Orban, ni les frontières naturelles, la Méditerranée ou les montagnes. Rien ne les arrête. Ce défi climatique et ce défi migratoire passent forcément par l’Europe. Nous avons parfois l’impression d’être les idiots utiles de cette mondialisation, lorsque nous nous imposons des règles que personne ne s’impose ailleurs dans le monde. Faudrait-il être fou pour avoir le fétichisme de certains traités ? Pour refuser d’avoir demain un géant de l’énergie européen ? Faudrait-il être fou pour dire que nous préférons le libre-échange au juste échange ? C’est la raison pour laquelle nous soumettons désormais tous les traités commerciaux à l’impératif écologique. Ces combats nous allons devoir les porter en Europe et d’abord au sein du PSE. J’entends les critiques qui sont émises. Le PSE n’est pas parfait. Mais cette famille est la nôtre. Parce que, si nous voulons vraiment changer l’Europe, changer d’Europe, il faut trouver une majorité. Certains s’en vont et nous expliquent qu’ils vont changer l’Europe tous seuls. Mais personne ne change l’Europe tout seuls. La force politique qui domine aujourd’hui l’Europe est conservatrice et libérale. Mais il y a une seconde force, c’est la nôtre, celle des socialistes européens et sans eux il n’y a aucun espoir de changer l’Europe. On nous dit il y a une autre voie, le populisme de gauche. (…) Mais le populisme ne peut pas être de gauche. Notre culture à nous ne peut pas être celle de la passion qui tourne à la pulsion. Notre culture à nous, la gauche, c’est celle, d’abord, de la raison. (…) Notre culture à nous c’est, bien sûr, de rester souverains, que la démocratie l’emporte toujours, mais de refuser le souverainisme. Notre culture à nous est internationaliste. Notre culture à nous ce n’est pas de vouloir jouer le peuple contre les élites. Notre culture à nous c’est celle de la Révolution française où une partie des élites a rejoint le peuple. Notre culture à nous c’est celle de Jaurès qui n’était pas le peuple mais qui avait décidé de l’éclairer à travers ce grand journal, l’Humanité. Notre culture à nous c’est celle de Blum, de Mitterrand, qui par leur plume ont cherché à faire avancer les Françaises et les Français. Jamais par la démagogie mais par la volonté de les fédérer de les emmener sur un autre chemin que celui qui leur était proposé jusqu’alors par les conservateurs. Notre culture c’est une volonté. Une volonté d’agréger, derrière de grandes valeurs et de grands sentiments. Alors, cher.es camarades, nous ne serons jamais populistes. Socialistes oui, écologistes, oui, démocrates oui. Populistes, jamais. Et c’est le désaccord profond que j’ai avec Emmanuel Maurel. »
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