Les hussards de la transition écologique
La COP21, organisée en 2015 à Paris, s’était conclue sur un message d’espoir lié au volontarisme de certains États. Mais force est de constater que les pratiques anciennes ont repris cours. Ainsi, la COP25 organisée en urgence à Madrid s’est achevée sur un nouveau cri d’alarme des experts du GIEC.
C’est dans ce contexte qu’à l’initiative du Think Tank L’Hétairie, une centaine de maires et de candidat.es aux Municipales (*) ont publié, le 14 janvier, une Tribune dans Libération.
Si les États semblent impuissants à relever les défis, les collectivités locales, quant à elles, doivent montrer la voie.
« La campagne des Municipales offre précisément l’occasion de penser concrètement le combat contre le réchauffement climatique. Et, au-delà des postures, des thèmes vagues ou du concours Lépine de mesures d’affichage, il est urgent de transformer collectivement notre modèle de développement local », expliquent ces élu.es et candidat.es.
« Les villes n’occupent que 2 % de la surface de la planète, mais elles produisent 80 % des émissions de CO2 et consomment 75 % de l’énergie mondiale. »
« Car si les villes n’occupent aujourd’hui que 2 % de la surface de la planète, elles produisent 80 % des émissions de CO2 et consomment 75 % de l’énergie mondiale. Elles ont une empreinte écologique qui dépasse les strictes limites géographiques de leurs territoires : leur emprise s’exerce à la fois via l’occupation du sol par les infrastructures urbaines (logement, réseaux, équipements, usines, espaces de circulation, etc.) mais également au travers des transformations généralisées de l’environnement imposées par leurs activités de production, de circulation et de consommation.
En réaction, la Métropole Rouen Normandie, en partenariat avec le WWF France, avait initié une démarche novatrice en organisant une COP21 locale. Celle-ci a permis de déboucher sur un accord local pour le climat signé entre les 71 communes de la métropole, une centaine d’entreprises et 17 coalitions d’actions regroupant acteurs privés et publics afin d’atteindre 100 % d’énergies renouvelables en 2050 sur le territoire. Cet exemple montre que pour déborder les strictes compétences d’une collectivité qui ne permettent d’agir que sur une part limitée des émissions de GES, qui relèvent pour l’essentiel des secteurs marchand et industriel, il faut mettre en mouvement toutes les forces d’un territoire, définir des objectifs partagés et la contribution de chaque partie pour les atteindre.
Nous, maires ou candidats de gauche, nous engageons à faire de nos collectivités les animatrices de dynamiques territoriales indispensables à l’atteinte des objectifs collectifs de réduction des émissions de GES. Nous nous engageons à organiser des COP26 territoriales et à instituer des GIEC locaux qui permettront :
- La mise en place d’une dynamique partenariale étendue à l’ensemble des acteurs d’un territoire ;
- L’engagement de tous ces acteurs sur des objectifs concrets et opérationnels en matière de transition écologique ;
- De recenser, agréger, soutenir et faire connaître les initiatives individuelles et collectives, institutionnelles ou privées, et de partager les bonnes pratiques,
- De faire converger les efforts vers au moins quatre objectifs partagés : une réduction drastique de la consommation d’énergie ainsi qu’une évolution vers des territoires 100 % énergies renouvelables, une diminution drastique de la production de déchets, la mise en place de filières d’alimentation biologiques et locales, la rénovation thermique, voire phonique, de l’ensemble des parcs immobiliers, à l’horizon 2050.
Convaincus que les maires et les présidents d’agglomérations, leurs équipes, doivent être “ les hussards de la transition écologique ”, nous appelons tou.te.s les candidat.e.s de gauche aux Municipales à faire de ces COP26 territoriales l’outil d’ambitions territoriales renouvelées en matière écologique et d’un changement effectif face à l’incurie des États. »
(*) Dont, pour la Bretagne François Cuillandre à Brest, Isabelle Assih à Quimper, Jean-Paul Vermot à Morlaix, Laurent Péron au Relecq-Kerhuon, Nathalie Appéré à Rennes, Marie Ducamin à Saint-Jacques-de-la-Lande (Ille-et-Vilaine), Hervé Guihard à Saint-Brieuc, Vincent Le Meaux à Plouëc-du-Trieux et Jean-Louis Miles à Larmor-Plage.
Article publié dans le Cap Finistère n°1296 du 24 janvier 2020