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mercredi 25 décembre
Les mairies moteurs de nos transitions
 
Toutes les listes municipales font figurer la transition environnementale en tête de leurs priorités. Toutes. Même celles d’Extrême-droite. Mais au-delà des discours, que peuvent faire, concrètement, les élu.es municipaux de gauche ? C’est la question que se sont posés les socialistes du Finistère, réunis en Conseil fédéral le 30 novembre. Forough Salami, présidente du Conseil fédéral, avait pour l’occasion invité deux experts du développement durable : Romain Rollant et Renaud Layadi, auteur du livre Le développement durable un projet pour la Bretagne. 
Les campagnes municipales sont à bien des égards inédites. Un chat n’y retrouverait pas ses petits tant les discours peuvent sembler identiques. Les repères sont tellement brouillés que pour la première fois, ce n’est pas le premier tour qui sera décisif mais le second puisque plusieurs hypothèses d’alliances sont envisageables lorsque les têtes de listes du parti présidentiel peuvent nouer des alliances en fonction de l’arithmétique électorale et non de la cohérence des projets. 
« L’urgence écologique pour tous. » 
Pour Romain Rollant la prise de conscience environnementale ne date pas d’aujourd’hui. Dès les années 70, René Dumont avait alerté les électeurs. « Mais ce qui est vraiment nouveau et inédit, c’est l’urgence d’agir. » 
Vers quoi allons-nous ? Pour Renaud Layadi, les conclusions des sommets du Giec, qui se déroulent tous les deux ans, sont en-dessous de la réalité car les experts font preuve d’une extrême prudence pour éviter de prêter le flanc aux critiques des climato-sceptiques. 
Le premier constat est factuel. En dépit des accords de Paris les émissions de gaz à effet de serre dans le monde sont passées de 35 gigatonnes en 2015 à 37,1 en 2018. Cette progression intervient partout sauf en Europe où elles baissent de 23 %. 
Elles progressent aussi en Chine, même si ce pays réalisent des efforts très importants et ambitionne, rien de moins que, de mettre la main sur le marché de la voiture électrique. 
Cette augmentation est d’autant plus inquiétante qu’elle intervient à un moment où les climato-sceptiques ont le vent en poupe dans de nombreux pays et non des moindres comme les États-Unis de Trump, bien sûr, mais aussi le Brésil de Bolsonaro, l’Australie et la Russie. En effet, si les conséquences du réchauffement climatique peuvent avoir des conséquences dramatiques, en Afrique, en Europe et dans toutes les îles, elles peuvent être considérées d’un bon oeil par Moscou qui y voit une opportunité de développer son agriculture sur des territoires, aujourd’hui, recouverts par les glaces et donc inexploitables. 
Les accords internationaux prévoient de limiter le réchauffement à 1,5 °. Mais les dernières estimations tournent plutôt autour de 2 à 4,5 ° voire entre 3 et 7 ° à l’horizon 2100. Et il faut considérer ces projections à l’échelle du globe. Or, les deux tiers de la surface de la planète sont recouverts par les océans ce qui signifie que les pics de chaleurs seront bien plus importants dans les terres. 
La surface recouverte par les glaces est passée de 7,5 millions de km2 dans les années 90 à 4 millions en 2019. 
Cette fonte des glaces aura des répercussions sur le niveau de la mer. Les études ont longtemps prévues une élévation de 10 à 20 cm. Puis, les scientifiques ont annoncé une quarantaine de centimètres. Et, un rapport publié le 25 septembre annonce maintenant 80 cm voire 1,1 mètres ! 
Ces études ne tiennent pas compte de phénomènes qui pourraient, très rapidement accélérer et amplifier la tendance. En effet, on commence à constater en Sibérie le phénomène des « forêts saoûles ». De quoi s’agit-il ? D’immenses forêts boréales, constituées de résineux s’étendent sur des surfaces gelées. Les racines sont tenues par la glace. Mais si elle fond, les arbres sont fragilisés. Des vents forts peuvent les déraciner. Ce bois mort ne produit bien sûr plus d’oxygène et représente un combustible facilement inflammable. 
« Avec les citoyens. » 
Pour l’ensemble des intervenants, la prise de conscience de la jeunesse est un élément fondamental à prendre en compte. Plus généralement, rien de pourra se faire sans la mobilisation de l’ensemble des citoyens. Naturellement, les services municipaux doivent être exemplaires en matière de sobriété énergétique. Pour se faire, les communes disposent de plusieurs leviers : d’abord effectuer un suivi de la consommation énergétique et fixer des objectifs de sobriété. Ensuite, instituer, à l’image des débats d’orientation budgétaire, des débats d’orientation climatique avant le vote des budgets. Enfin, les élu.es doivent, pour tout projet, se poser la question de sa consommation énergétique. 
Pour Romain Rollant, il faut revenir aux principes de la gauche pour répondre 
aux défis qui nous sont posés : le collectif contre l’individualisme, l’universalisme contre le nationalisme. Concrètement, cela passe par un soutien des municipalités aux initiatives citoyennes dans le domaine de l’économie circulaire qui consiste à recycler mais aussi réparer les équipements. 
L’agriculture aussi doit engager sa transition. Sauf que… les conditions, aujourd’hui, ne sont pas totalement réunies pour qu’elle s’engage dans cette voie. Chacun sait qu’il est urgent de réduire la production de viande surtout avec notre modèle qui consiste à concentrer un grand nombre d’animaux nourris au soja venant de l’autre côté de l’Atlantique. 
« Les villes n’occupent que 2 % de la surface du globe mais représentent 80% des émissions de gaz à effet de serre » a rappelé le nouveau secrétaire fédéral Tristan Foveau. 
Pour Yohann Nédélec, la question de la densification de l’habitat doit être posée. Car souvent, ceux qui refusent l’étalement urbain sont aussi ceux qui refusent de densifier. À cette difficulté s’ajoute la faiblesse des moyens financiers à cause des contraintes imposées par le gouvernement qui plafonne à 1,2 % les dépenses de fonctionnement des collectivités les plus importantes. 
Pour les transports, la sécurisation des pistes cyclables est indispensable si on veut développer l’usage du vélo. 
De nouvelles technologies apparaissent et les municipalités peuvent soutenir les initiatives qui se développent autour de nouvelles batteries capables de stocker l’énergie électrique produite par des panneaux photovoltaïques. 
Pour Nathalie Sarrabezolles les Municipales seront importantes mais pas suffisantes. Toutes les collectivités doivent se mobiliser. En ayant choisi l’environnement comme thème de l’année 2019, le Conseil départemental l’avait déjà bien compris. Il existe une multitude d’expériences qu’il faut maintenant fédérer. 
Plus que jamais, la formule de Pierre Mendès-France « Gouverner, c’est prévoir » prend tout son sens. Les équipes municipales qui seront élues en mars auront la responsabilité d’inventer les conditions pour des transitions synonymes de progrès pour tous.
 
Article publié dans le Cap Finistère n° 1291 du 6 décembre 2019
 



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