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mercredi 25 décembre
Les sections syndicales d’entreprises ont 50 ans
Que reste-t-il de mai 68 ? 50 ans après, quel rôle y a joué la CFDT ? Pour répondre à ces questions, l’Union départementale CFDT avait convié ses adhérents et anciens adhérents, le 24 mai, pour en débattre avec Jacques Le Goff, spécialiste du droit social.
Selon tous les témoignages des militants de l’époque, mai 68 a représenté une vraie rupture dans les relations sociales. Le patronat ne négociait pas avant mai 68 ont rappelé des adhérents de l’époque. Tous ceux qui ont participé à ce grand mouvement social s’accordent à souligner le rôle déterminant joué par les femmes. 
Mai 68 reste associé dans la mémoire populaire aux manifestations étudiantes du quartier latin. Mais il ne faut pas oublier l’aspect social de ce mouvement : en quelques jours, des centaines de milliers de salariés se sont mis en grève. 
Cette mobilisation a obligé le gouvernement à ouvrir des négociations avec les organisations syndicales. « Cela a abouti à ce qu’on appelle improprement les “Accords de Grenelle” », a rappelé Jacques Le Goff. Car il n’y a pas eu d’accord mais un relevé de décisions qui s’est ensuite traduit par le vote de lois, dont celle de décembre sur la reconnaissance des sections syndicales d’entreprises. Même s’il existait quelques sections d’entreprises, notamment à l’Arsenal de Brest, depuis 1919. 
La très forte mobilisation a débuté le 14 mai par l’occupation de l’usine de Sud aviation à Nantes. Elle s’est développée et a culminé le 24 mai par une grève suivie par plus de 7 millions de salariés. Le rapport de force était tel, que le gouvernement n’avait d’autre choix que de négocier. C’est le premier ministre, Georges Pompidou, qui prend en main les discussions qui se déroulent au ministère du travail rue de Grenelle et non à Matignon. En effet, le gouvernement de l’époque ne voulait surtout pas qu’on puisse faire un parallèle avec le Front Populaire et les accords Matignon de juin 1936.
En 1968, la CFDT était une toute jeune organisation puisqu’elle n’avait vu le jour que quatre ans auparavant. Dans les négociations avec le premier ministre, Georges Pompidou, accompagné de Jacques Chirac, ministre du Travail, la CGT mettait en avant des revendications quantitatives tandis que la CFDT insistait plus particulièrement sur des revendications plus qualitatives comme les conditions de travail, la durée du temps de travail ou la reconnaissance de la section syndicale d’entreprise. La CGT, organisation plus ancienne ne plaçait pas la reconnaissance des sections d’entreprises au coeur de ses revendications. À l’inverse de la CFDT qui était en plein développement.
Ce qu’il est convenu d’appeler les Accords de Grenelle ont permis aux salariés, outre la reconnaissance des sections syndicales d’entreprises, d’obtenir une augmentation de 35 % du SMIG. En moyenne les salaires ont augmenté de 7 %. 
Les syndicats étaient reconnus depuis 1884. Ils avaient pignon sur rue et pouvaient développer leurs activités partout… sauf dans les entreprises. Il y avait bien des délégués du personnel et des comités d’entreprises mais les sections d’entreprises n’existaient pas. Jusqu’en 1968, c’est à un « patronat de combat » que les salariés devaient affronter sans pouvoir s’organiser dans les entreprises. 
50 ans après, cette possibilité de créer des sections syndicales d’entreprises reste essentielle pour développer l’action syndicale ? Deux militants de la CFDT de l’EPHAD d’Huelgoat sont intervenus pour apporter leur témoignage. 
Grâce à la section syndicale, la direction n’a plus affaire à 130 personnes isolées, ce qui change tout lorsqu’il s’agit de négocier. 
En insistant sur la création des sections syndicales d’entreprises, plutôt que sur des augmentations de salaires, rapidement compensées par l’inflation, la CFDT a misé sur le long terme et a permis à l’action syndicale de se développer, en particulier dans les années qui ont suivi mai 68. Mais aujourd’hui encore, les sections syndicales d’entreprises permettent de faire respecter les droits des salariés.

 

Cap Finistère n°1229 du 1er juin 2018

 



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