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mercredi 25 décembre
Liberté, Égalité, Fraternité = laïcité
La laïcité permet à tous les citoyens de vivre ensemble. Elle n’est pas un instrument destiné à stigmatiser ou mettre à l’écart une religion. 
Le 7 décembre 2019, à l’invitation du comité Laïcité citoyenneté 29, le philosophe Henri Peña-Ruiz a tenu une conférence, salle des syndicats à Brest, pour expliquer les fondements de la laïcité et dénoncer ceux qui la menacent, aujourd’hui en France. Cette conférence intervenait quelques jours après le 5 décembre, journée de la laïcité. 
Pour Henri Peña-Ruiz, la laïcité découle directement de la devise Liberté, Égalité, Fraternité qui est de portée universelle. Tous les citoyens français, athées, croyants ou agnostiques se retrouvent autour de cette devise qui leur permet de vivre ensemble. « La France est un creuset », a-t-il rappelé. Ce récipient, à l’origine, servait à fondre différents métaux pour réaliser des alliages plus forts que la somme de leurs composants. 
« L’idéal laïc, c’est la stricte application de la devise républicaine. » Il s’est construit à la fois grâce à la philosophie des lumières mais il s’appuie aussi sur les enseignements de l’Histoire qui démontrent que l’implication du pouvoir politique et religieux, comme l’a connu l’Occident pendant treize siècles, abouti à des guerres, des buchers et une censure de la science. En 1789, les révolutionnaires renversent un système de privilèges qui permettait à la monarchie et à l’Église catholique de se partager le pouvoir. Certes, les Protestants ou les Juifs ne faisaient pas l’objet de répressions violentes, en permanence. Mais ils avaient tout de même un statut à part. Ils pouvaient bénéficier d’une certaine tolérance. Mais comme l’a souligné Henri Peña-Ruiz, la tolérance n’est pas le droit. Et ce que le souverain accorde, il peut aussi le reprendre, selon « son bon plaisir ». 
C’est l’enseignement de l’Histoire, mais aussi du présent. Il suffit pour s’en convaincre de regarder ce qui se passe en Iran ou ce qui se passait dans les territoires contrôlés par Daech pour les femmes ou d’une manière générale pour toutes celles et tous ceux qui ne partageaient pas leur vision sectaire et étriquée de l’Islam. 
Pour Henri Peña-Ruiz, trois boussoles doivent guider la laïcité. D’abord l’universalisme, contre le différentialisme. La Liberté, l’Égalité et la Fraternité concernent l’ensemble des êtres humains. Ensuite, l’émancipation contre la soumission. Pour savoir si une pratique ou un comportement est conforme aux valeurs laïques, il faut simplement se poser la question : « Est-ce que ça favorise l’émancipation de la personne ? » 
Enfin, l’intérêt général doit toujours primer sur les intérêts particuliers. 
Alors, une fois ces principes énoncés qui menace la laïcité aujourd’hui en France ? 
Pour le philosophe, le rassemblement national qui l’invoque à tout propos dévoie l’idéal laïc. Il s’en prend toujours aux mêmes. La notion de préférence nationale, qui exacerbe le différentialisme est incompatible avec l’universalisme de la laïcité. La loi concerne l’ensemble des signes religieux et pas uniquement le voile. 
Pour des raisons identiques, des groupes comme les indigènes de la République portent aussi atteinte au principe de laïcité qui s’applique à tous les citoyens et qui ne vise aucune religion. 
Et Henri Peña-Ruiz a porté un jugement très sévère à l’encontre d’Emmanuel Macron, qui, dans son discours des Bernardins a affirmé vouloir « réparer » le lien entre l’Église et l’État « qui s’est abîmé ». « Ces propos de la part de Monsieur Macron attestent soit une ignorance, soit une mauvaise foi. L’ignorance parce que jamais la séparation laïque n’a été tournée contre l’Église. Elle a été tournée contre les privilèges de l’Église mais pas contre l’Église elle-même. Parler de liens abîmés entre l’Église et l’État est stupide. Il n’y a plus de liens structurels entre l’Église et l’État. En fait, la séparation laïque promue par Jean Jaurès et Aristide Briand promeut ce que disait le grand Victor Hugo dans son discours contre la loi Falloux : “ Je veux l’État chez lui et l’Église chez elle ”. Et le chacun chez soi n’est nullement attentatoire aux deux termes séparés. En rompant le lien de subordination de l’État à l’Église, on émancipe la République de la tutelle religieuse. » 
La loi de 1905, parce qu’elle est de portée universelle permet à chaque citoyen de vivre en paix et de s’épanouir. Il n’est donc nul besoin de la modifier. Il suffit de la connaître et de la respecter. 
 
Article publié dans le Cap Finistère n°1293 du 20 décembre 2019 
 



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