« Ah ce qu’il est blême mon HLM ! », écrivions-nous en Une du Cap Finistère, dès le 22 septembre 2017. En effet, le logement social fut une des premières cibles du premier gouvernement d’Emmanuel Macron. Au point que l’Union sociale pour l’habitat avait qualifié les annonces du gouvernement, concernant les baisses des APL, « d’attaque sans précédent » contre le logement social.
Et l’article se concluait par : « Quand le bâtiment va, tout va. Mais lorsqu’il est la cible d’autant d’attaques, l’inquiétude est légitime ».
Or, cinq ans après, à la lecture du rapport de la Fondation Abbé Pierre on doit malheureusement constater que l’inquiétude était réellement légitime.
4 millions de Français sont mal-logés. 12 millions sont en situation de fragilité dans leur propre logement. Et 5,7 millions de personnes subissent un effort financier excessif pour payer leur loyer.
Pendant cinq années, l’actuelle majorité a effectué près de 15 milliards de coupes budgétaires, inventant l’impôt sur les HLM et fragilisant de manière inédite la situation du logement social, celle des bailleurs sociaux et celle des allocataires des APL. Elle a baissé les aides au logement dès 2017, ponctionné les bailleurs sociaux, augmenté la TVA sur la construction de logements sociaux... sans oublier l’échec de la promesse présidentielle s’engageant à ce que « plus personne ne dorme dans la rue avant la fin 2017 ». Jamais, depuis 1984, l’effort pour le logement n’aura été aussi faible dans le budget de l’État (1,4 % du PIB).
Ce rapport de la Fondation Abbé Pierre n’est que le dernier d’une longue série. En effet, le monde du logement ne
cesse de tirer la sonnette d’alarme depuis cinq ans. Pour Anne Hidalgo, il faut placer la question du logement au cœur du débat présidentiel, puisqu’une mobilisation exceptionnelle doit s’enclencher pour rattraper le retard accumulé.
Cet effort doit prendre plusieurs formes : d’abord une mise en chantier d’au moins 150000 logements par an, dont une part prépondérante de logements très sociaux. La loi SRU doit être appliquée sur l’ensemble du territoire.
Pour y parvenir, il est indispensable de maîtriser les coûts du foncier, ce qui passe par le développement d’établissements publics fonciers et un encadrement des loyers.
La lutte contre la précarité énergétique passe par un grand plan pluriannuel de rénovation des bâtiments et l’instauration d’un tiers payant qui permette de différer le remboursement des travaux au moment de la vente du bien, comme le propose Anne Hidalgo.
Enfin, parce que le pouvoir d’achat est l’une des priorités des Français, il est urgent de mettre en place un bouclier logement, pour les locataires les plus fragiles, qui permette de limiter à un tiers la part des revenus consacrés aux loyers.
Article publié dans le Cap Finistère n°1381 du 11 février 2022
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