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mercredi 25 décembre
Lycées pros : la réforme dont personne ne veut

Il a tout de même fallu que plus de 60% des enseignants de lycées professionnels fassent grève le 18 octobre pour que la ministre déléguée chargée de l’Enseignement professionnel, Carole Grandjean, lance enfin des « ateliers de travail » pour évoquer une réforme déjà programmée et annoncée par le président de la République en personne le 12 septembre, au lycée Eric Tabarly des Sables D’ollones.

Il est vrai que la mobilisation du 18 octobre était particulièrement impressionnante. A Brest, c’est, symboliquement, devant le siège de la CCI qu’environ 200 enseignants ont rejoint le cortège principal de la manifestation qui a mobilisé plus de 3000 personnes.
Les 24 lycées professionnels du Finistère, publics et privés, étaient représentés, dans la manifestation interprofessionnelle.

Le point principal du projet de réforme, que tous les syndicats rejettent, consiste à augmenter de 50% le temps de présence des élèves en apprentissage. Il s’agit bien du projet d’Emmanuel Macron puisque le ministre de l’éducation ne s’est pas encore exprimé sur ce sujet.

« 50% de temps de plus en apprentissage, ça veut dire moins de temps de cours » dénonce Olivier Cuzon de Sud éducation, « et donc des suppressions de postes ».
Les enseignants dénoncent aussi l’absence ou la réduction des cours de matières comme le droit, la gestion ou la santé au travail.
« Ce n’est pas nouveau. Déjà, avec Blanquer, 3 à 400 heures de disciplines générales avaient été supprimées ».

Il ne faut pas confondre enseignement professionnel et formation professionnelle

La concurrence est déjà importante entre les lycées pros, en fonction de options. Les grévistes craignent l’adaptation de l’enseignement professionnel aux seuls besoins ou intérêts du patronat. « Il faut bien sûr que les formations dispensées correspondent au marché de l’emploi, mais l’éducation nationale doit garder la main sur les programmes et garantir le cadre national des diplômes, or, on perçoit dans les propos présidentiels une volonté d’accorder une très grande autonomie aux établissements » s’inquiète Olivier Cuzon.
« Il ne faut pas confondre enseignement professionnel et formation professionnelle » insiste Émilie Kuchel. Oui, l’apprentissage est important mais il ne faudrait pas que les jeunes soient orientés trop tôt dans un métier sans avoir les bases de la culture générale qui leur permettent, ensuite, si nécessaire, d’emprunter d’autres voies professionnelles.

« Dans certains métiers en tension, le jeunes sont parfois recrutés sans même avoir leur diplôme » alerte Émilie Kuchel. C’est grave pour l’avenir car l’éducation nationale, dans les lycées professionnels, doit apprendre des métiers et des savoir-faire mais elle doit aussi former des citoyens et permettre aux jeunes de s’ouvrir au monde ».

Techniquement, il serait très difficile de mettre en place cette réforme pour la rentrée 2023 comme le veut le président de la République. « C’est vrai mais on a déjà vu par le passé que ça n’arrête pas le ministère de l’éducation nationale » rappelle Emilie Kuchel. Pour la suppression des maths aussi, tout le monde les avait mis en garde.

La mobilisation du 18 octobre a-t-elle permis une prise de conscience rue de Grenelles ? Il est trop tôt pour répondre à cette question. Mais, n’ayant jamais vraiment organisé de véritable concertation, on peut en douter.

Article publié dans le Cap Finistère n°1410 du 28 octobre 2022

Levée de boucliers contre la réforme de la PJ

Lorsque policiers, magistrats et avocats se retrouvent pour dénoncer un projet de réforme, il est plus prudent, pour n’importe quel gouvernement, de prendre un peu de temps et de faire une pause.
Ils ne manifestaient pas le 18 octobre mais les fonctionnaires de la police judiciaire sont vent debout contre la réforme que veut leur imposer le ministre de l’intérieur. Et d’ailleurs, à part le ministre et son cabinet, personne ne défend ce projet.
Sur France Inter, le 19 octobre, Yves Jobic, l’ancien patron de l’antigang a résumé ce projet en une formule : « c’est comme si, dans le domaine de la santé, on demandait à des spécialistes d’aller faire le travail des généralistes ».
En effet, sous couvert d’une simple réorganisation, le Gouvernement s’apprête à départementaliser la police judiciaire (PJ) en unifiant le commandement des différents services de police sous l’autorité d’un directeur départemental de la police nationale, unique interlocuteur du préfet sur les questions relatives à la sécurité intérieure explique Gulsen Yildirim, secrétaire nationale à la Justice dans un communiqué.

Cette réforme « conduit à l’absorption de la PJ par la sécurité publique et au sacrifice d’une filière hautement spécialisée sur l’autel du traitement de masse de la délinquance du quotidien. Or la lutte contre la grande criminalité organisée ne se joue pas à l’échelon d’un simple ressort judiciaire départemental. Elle exige des moyens et des enjeux de coordination majeurs pour combattre des organisations qui, pour beaucoup, s’affranchissent totalement des frontières. »
En conséquence, le Parti Socialiste demande au gouvernement d’attendre les résultats des missions d’information qui ont été lancées au Parlement. Parallèlement, il exige que les moyens de lutte contre la grande criminalité et la délinquance économique et financière soient préservés et que l’indépendance des enquêtes judiciaires soit assurée.

Article publié dans le Cap Finistère n°1410 du 28 octobre 2022




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