MDE : au plus près des territoires
Depuis qu’elle est ministre du Travail, Muriel Pénicaud cherche à supprimer les Maisons de l’Emploi ou plus précisément, mais ça revient au même, à revenir sur le financement que leur apporte l’État, pourtant partenaire obligatoire de ces structures si utiles pour lutter contre le chômage (voir encadré).
Sans la forte mobilisation des élu.es locaux qui, au quotidien, participent à leur fonctionnement, les Maisons de l’Emploi auraient pu disparaître du budget 2019 à l’occasion de la discussion du projet de loi de finances.
De 20 millions en 2017, l’apport de l’État aux Maisons de l’Emploi de France est en effet passé à 10 millions l’an dernier et aurait été porté à zéro sans la mobilisation et la pugnacité des parlementaires mais aussi des élu.es locaux, dont Isabelle Montanari, vice-présidente à l’emploi et à l’insertion, à Brest métropole.
Cette année, 5 millions d’euros ont finalement été alloués aux MDE à la suite d’une mobilisation totalement « oecuménique ». Et pour cause : quelle que soit leur orientation politique, les élu.es, qui suivent un tant soit peu les questions d’emploi et d’insertion, savent que les Maisons de l’Emploi sont des outils performants et indispensables sur les territoires.
« L’efficacité des Maisons de l’Emploi n’est plus à démontrer sur les territoires. »
« Nous partons des réalités que vivent au quotidien des entreprises et les demandeurs d’emploi pour leur apporter des réponses appropriées », explique Isabelle Montanari. L’élu.e du pays de Brest est intarissable lorsqu’elle rentre dans les détails des dispositifs mis en place par la MDE. « Nous avons cherché à déterminer ce qui empêche les TPE (Très Petites Entreprises) d’embaucher afin de pouvoir les accompagner », explique-t-elle. « C’est ainsi qu’a été conçu le logiciel RH TPE qui apporte des réponses aux dirigeants d’entreprises confrontés à des questions de ressources humaines. »
Dans le même état d’esprit, la MDE du pays de Brest a développé le dispositif digital TPE qui a été primé par l’Union européenne, co-financeur de ce projet par le biais du FSE (Fonds de Solidarité Européen). Les grandes entreprises ont les moyens d’être présentes sur internet ou sur les réseaux sociaux. C’est bien plus compliqué pour les dirigeants de TPE. Et pourtant, comment se passer de cette dimension pour les petites entreprises ? « Nous allons aussi, parce que ça correspond aux spécificités du tissu économique du pays de Brest, décliner RH TPE pour le monde agricole et celui de la mer », annonce Isabelle Montanari.
Mobily work permet aux entreprises de se « prêter » des salariés. Là encore, c’est grâce à la proximité que ce dispositif a pu être mis en place, car il correspond précisément aux attentes des entreprises dont l’activité fluctue au gré des saisons, comme par exemple les maraîchers, les pépiniéristes ou les entreprises d’entretien des jardins.
« C’est aussi grâce aux MDE que peuvent être activées les clauses sociales dans les appels d’offres », insiste l’élue brestoise.
Alors que 47% des personnes accompagnées par les PLIE (Plan Locaux d’Insertion par l’Économie), en lien avec les MDE, retrouvent un emploi dans les 18 mois, il est vital que la participation de l’État soit pérennisée.
Les 4 missions des MDE
Les Maisons de l’Emploi ont été créées par la loi du 18 janvier 2005. On en compte aujourd’hui 114 réparties sur l’ensemble du territoire, dont celle du pays de Brest, pour le Finistère.
Ces structures sont composées, obligatoirement de trois acteurs : les collectivités locales, l’État et Pôle emploi. À ces membres constitutifs obligatoires peuvent s’associer d’autres collectivités locales, différentes de celle à l’origine du projet (Conseil régional ou départemental), ainsi que tout acteur local de la politique de l’emploi ou de la formation professionnelle.
Les maisons de l’emploi jouent un rôle de fédérateur de l’action des partenaires publics et privés, en particulier en permettant l’association des collectivités territoriales à la mise en oeuvre des politiques de l’emploi au niveau local.
Elles se sont vues attribuer quatre missions. Elles doivent d’abord établir un diagnostic territorial de manière à développer une stratégie partagée par l’ensemble des partenaires.
Ce diagnostic doit également permettre d’anticiper les mutations économiques et donc les évolutions du marché du travail sur un territoire donné.
Le partage des informations et des bonnes pratiques doit permettre aux MDE de contribuer au développement de l’emploi local.
Enfin, au vue des spécificités du marché des bassins d’emploi, les MDE doivent contribuer à réduire les obstacles culturels ou sociaux à l’accès à l’emploi.
Article publié dans le Cap Finistère n°1254 du 18 janvier 2019