MJS : plus que jamais dans la famille socialiste
Tel le phénix, le MJS renaît de ses cendres. Après une grave crise interne qui a bien failli l’emporter, le Mouvement des Jeunes Socialistes repart sur de nouvelles bases, nous explique son porte-parole national, Mehdi Chalah.
Cap Finistère : Où en est le MJS un an après le congrès d’Aubervilliers ?
Mehdi Chalah : Notre convention nationale vient de se tenir à Lille. Plus de 200 délégués, issus de 52 fédérations y ont participé. Ce n’est pas un hasard si nous avons choisi cette ville, en dehors du fait qu’elle est une grande métropole socialiste, avec comme maire Martine Aubry. Notre 12e congrès s’était ouvert dans cette ville le 13 novembre 2015. Suite aux attentats, nous avions bien sûr interrompu nos travaux mais nous nous étions promis d’y revenir.
Il est vrai qu’après la Présidentielle, notre mouvement a traversé une grave crise. La direction, élue dans des conditions pour le moins discutables, au congrès de Bondy, en février 2018, voulait, contre l’avis des adhérents, rompre avec la famille socialiste et rejoindre le mouvement de Benoît Hamon. À ce congrès, pour la première fois dans l’histoire du mouvement, l’ensemble des sensibilités minoritaires s’étaient retrouvées pour présenter un texte alternatif à celui de la majorité nationale ainsi qu’une candidate à la présidence. Cette démarche a même été soutenue par plusieurs représentants de l’ancienne majorité pour lesquels il n’était pas concevable que le MJS puisse soutenir des concurrents du PS.
L’année qui vient de s’écouler a donc essentiellement été consacrée, pour la nouvelle direction, à effectuer des démarches administratives et à permettre au mouvement de repartir sur de nouvelles bases. La convention nationale a, entre autre, acté cette métamorphose.
Cap Finistère : À quoi ressemble le MJS désormais ?
Mehdi Chalah : Nous nous sommes dotés de nouveaux statuts plus démocratiques : nous avons tiré les leçons des derniers mois et nous ne voulons pas re-commettre les mêmes erreurs. Nous n’avons plus de président mais une direction collégiale de huit personnes. Le MJS est toujours autonome et nous l’avons d’ailleurs réaffirmé dans notre déclaration d’autonomie. Cependant, nous réaffirmons également notre fidélité à la famille socialiste.
Cap Finistère : Justement, sur quoi ont porté les débats à Lille ?
Mehdi Chalah : On en revient à l’aspect démocratique de nos statuts. Nous avons adopté très majoritairement la motion d’orientation qui fixe notre cap. Mais, en outre, toutes les fédérations pouvaient déposer des résolutions, qui ont vocation à enrichir le débat. Je pense notamment à un texte qui insiste sur l’importance de l’accès à la culture pour tous ou à un autre qui évoque la possibilité de mettre en place des chèques Sport pour que le plus grand nombre puisse pratiquer des activités sportives. Mais nous avons également travaillé sur le féminisme ou la laïcité. Dans la perspective des élections municipales nous avons réaffirmé que nous nous engagerions derrière les candidats socialistes. Mais faire campagne ne signifie pas uniquement coller les affiches et distribuer les tracts. Nous voulons aussi apporter nos propositions et contribuer à enrichir les programmes que défendront nos candidat.es.
Cap Finistère : Vous avez insisté sur la dimension européenne du mouvement ?
Mehdi Chalah : Oui, nous sommes toujours affiliés à YES (Young European Socialists) qui regroupe les organisations de jeunesses sociale-démocrates. Et d’ailleurs, une délégation était présente au congrès qui vient de se tenir à Helsinki. Mais nous avons aussi voté, à la convention nationale, notre affiliation à une ligne politique. Pour faire simple, il existe deux orientations au sein de YES. L’une, qu’on peut qualifier de sociale-libérale, plutôt présente en Scandinavie et dans le nord de l’Europe et l’autre, plus socialiste et plus latine. Nous nous reconnaissons bien sûr dans la seconde.
Cap Finistère : Quels sont maintenant vos objectifs ?
Mehdi Chalah : Nous voulons d’abord poursuivre notre redressement en nous implantant sur l’ensemble du territoire et notamment dans le Finistère.
Notre ambition est simple : être utiles au Parti Socialiste et ne pas retomber dans le travers du passé. Cela passe par la structuration de notre mouvement, la formation des militants et l’élaboration de propositions. Nous aspirons, avec tous les jeunes qui se reconnaissent dans les valeurs socialistes, à être à la pointe de l’innovation politique.
Article publié dans le Cap Finistère n°1265 du 5 avril 2019