Nous voulons des coquelicots
Au départ, c’était un livre, puis c’est devenu un mouvement qui, mois après mois, prend de l’ampleur nous explique François de Beaulieu, porte-parole de « Nous voulons des coquelicots ».
Cap Finistère : Comment est né le mouvement « Nous voulons des coquelicots » ?
François de Beaulieu : C’est un tout petit groupe d’une douzaine de personnes qui, rassemblées par le journaliste Fabrice Nicolino, a passé l’été dernier àpréparer le lancement d’un appel pour en finir avec les pesticides. Ouvert le 12 septembre, le site
nousvoulonsdescoquelicots.org avait déjàrecueilli plus de 200 000 signatures quinze jours plus tard et il approche les 400 000 àla fin du mois de novembre.
Le livre-manifeste, signé de Fabrice Nicolino et François Veillerette, parvenait àla quatrième place au palmarès des ventes d’essais et documents d’octobre.
C’est la simplicité de l’Appel, sa force et sa nécessité qui ont de toute évidence emporté l’adhésion de centaines de milliers de personnes. C’est pourquoi il est bon de le citer : « Les pesticides sont des poisons qui détruisent tout ce qui est vivant. Ils sont dans l’eau de pluie, dans la rosée du matin, dans le nectar des fleurs et l’estomac des abeilles, dans le cordon ombilical des nouveau-nés, dans le nid des oiseaux, dans le lait des mères, dans les pommes et les cerises. Les pesticides sont une tragédie pour la santé. (…) L’exposition aux pesticides est sous-estimée par un système devenu fou, qui a choisi la fuite en avant (…).
Nous ne reconnaissons plus notre pays. La nature y est défigurée. Le tiers des oiseaux ont disparu en quinze ans ; la moitié des papillons en vingt ans ; les abeilles et les pollinisateurs meurent par milliards ; les grenouilles et les sauterelles semblent comme évanouies ; les fleurs sauvages deviennent rares. Ce monde qui s’efface est le nôtre et chaque couleur qui succombe, chaque lumière qui s’éteint est une douleur définitive. Rendez-nous nos coquelicots !! Rendez-nous la beauté du monde !
Non, nous ne voulons plus. À aucun prix. Nous exigeons protection. Nous exigeons de nos gouvernants l’interdiction de tous les pesticides de synthèse en France. Assez de discours, des actes. »
Cap Finistère : Considérez-vous que la loi Égalim est suffisante pour réduire l’utilisation de produits phytosanitaires ?
François de Beaulieu : Notre objectif n’est pas de « réduire » l’utilisation des pesticides de synthèse mais de viser leur disparition totale. On s’est épuisé depuis des dizaines d’années, àdémontrer la nocivité des molécules, une par une, et celles qui finissent par être interdites sont remplacées par de nouvelles dont on mettra des années àdécouvrir les effets secondaires mortifères. Les agriculteurs sont les premières victimes et si les registres de leurs maladies étaient complets et ouverts, on emprunterait rapidement d’autres voies pour nourrir les humains et leurs animaux sans les empoisonner. La société se doit de les aider.
Cap Finistère : Comment les citoyens peuvent soutenir votre initiative ?
François de Beaulieu : C’est très simple : signer et faire signer l’Appel (on peut le télécharger àpartir du site nousvoulonsdescoquelicots.org et l’imprimer). Nous visons 5 millions de signatures en deux ans pour poser le problème de façon indiscutable. On peut aussi participer aux rassemblements devant les mairies chaque premier vendredi du mois, à18 h 30 (carte interactive sur le site).
Cap Finistère : Sentez-vous une montée en puissance de votre mouvement ?
François de Beaulieu : Le simple fait que Cap Finistère nous propose un entretien est la preuve que notre mouvement monte en puissance. Que 642 rassemblements aient eu lieu un 2 novembre, période de congés peu propice, montre que le mouvement s’enracine. Les groupes essaiment et imaginent mille façons de rendre ces rassemblements aussi sympathiques (soupes, chorales, jeux) qu’efficaces (chacun repart avec des feuilles àfaire signer). Et il suffit de regarder la carte sur le site : les Finistériens ne sont pas les derniers àentendre l’Appel pour la vie.
Vendredi soir, dans le Finistère
Des rassemblements sont prévus, vendredi à18 h 30 devant les mairies de Lanildut, Plougonvelin, Locmaria-Plouzané, Plouzané, Saint-Renan, Brest, Lannilis, Plabennec, Plouescat, Morlaix, Saint-Thégonnec, Loc-Eguiner, Lanmeur, Berrien, Huelgoat, Brennilis, Carhaix, Cléden-Poher, Arzano, Bannalec, Riec-sur-Bélon, Trégunc, Concarneau, La Forêt-Fouesnant, Combrit, Bénodet, Quimper, Le Guilvinec, Douarnenez, Pont-Croix, Saint-Rivoal, Saint Eloy.
Article publié dans le Cap Finistère n°1250 du 7 décembre 2018