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mercredi 25 décembre
Olaf Scholz, l’homme de la situation

Les sociaux-démocrates ont su rénover le SPD et présenter le candidat qui correspondait le mieux aux attentes des Allemandes et des Allemands pour engager les transitions écologiques et numériques, nous explique Nicolas Stallivieri, secrétaire de la section socialiste des Français de Hambourg.

Cap Finistère : Comment peut-on expliquer la victoire du SPD qu’on disait voué à disparaître il y a quelques mois ?
Nicolas Stallivieri : Les Allemands ont vécu une campagne assez particulière après les seize années passées par Angela Merkel à la chancellerie. Trois partis pouvaient prétendre remporter ces élections : les Verts, les conservateurs de la CDU-CSU et les sociaux-démocrates du SPD.
Les écologistes n’ont pas su tirer leur épingle du jeu et leur candidate n’a pas réussi à convaincre. Certaines propositions, trop radicales, dans le contexte politique allemand, comme l’augmentation du prix de l’essence ou la limitation de vitesse sur les autoroutes, ont effrayé les électeurs.
Les inondations de cet été ont joué un rôle très important. Elles ont permis de placer la question climatique au cœur des débats. Mais elles ont aussi été catastrophiques pour le candidat soutenu par la chancelière sortante. En effet, tous les Allemands ont été choqués de sa désinvolture, en arrière- plan du président qui rendait hommage aux victimes. L’image d’Armin Laschet a été considérablement abîmée par cet épisode.
Mais, au-delà de ces péripéties, qui ont tout de même marqué l’opinion, il y a des ressorts plus puissants. Il faut se souvenir des élections de 2017. À l’époque, il y a eu de longues discussions pour former un gouvernement et on parlait même d’une possible coalition Jamaïque, (noir, vert, jaune). Il est très vite apparu que ces trois partis ne pouvaient pas s’entendre. Une grande partie des adhérents du SPD ne voulaient pas gouverner avec la CDU. Il a fallu un congrès du SPD pour acter leur participation. Donc, déjà, en 2017, la grande coalition CDU/SPD était à bout de souffle.
Mais ce congrès a également décidé d’engager un profond processus de rénovation programmatique, notamment sur le plan social et un inventaire des années Schröder. Au cours de la campagne, Olaf Scholz s’est révélé comme celui qui captait le mieux les aspirations des Allemands. Il y a eu deux grands sujets dans cette campagne : la transition écologique et la transition numérique, puisque l’Allemagne accuse un retard assez important dans ce domaine. Très
vite, les électeurs se sont rendu compte que les Verts, seuls, ne parviendraient pas à relever ces défis et qu’il fallait absolument une dimension sociale, portée par les sociaux-démocrates.

Cap Finistère : Comment faut-il lire la nouvelle carte électorale ? Le Sud vote à Droite et le Nord et l’Est à Gauche ?
Nicolas Stallivieri : Oui, on voit bien que le Sud, en particulier la Bavière, reste fidèle aux conservateurs et que le Nord et l’Est ont fait confiance à la Gauche. Mais il faut comparer la carte d’aujourd’hui avec celle de 2017 qui était quasi totalement noire.
À cette division territoriale, il faut aussi ajouter une division par âge. Les plus jeunes électeurs votant pour les Verts ou pour les Libéraux et les plus âgés choisissant plutôt la sécurité en votant pour les partis traditionnels, comme le SPD ou la CDU.
Cap Finistère : Comment expliquer le faible score de l’Extrême-droite ?
Nicolas Stallivieri : Je crois que ce score n’est pas si faible que ça et même que l’Extrême- droite s’enracine, en particulier dans les Landërn comme la Saxe et la Saxe-Anhalt. Ils ont certes un peu reculé mais seulement de 1 à 2 %. L’AFD (Alternativ für Deutschland) est tout de même le quatrième groupe du Bundestag alors que Die Linke a failli n’être pas présente.
L’AFD s’est créée à l’origine sur une ligne anti-européenne et les conséquences du Brexit montrent bien qu’ils se sont trompés. En outre, le parti est assez divisé. Mais, il agrège de nouveaux soutiens, notamment autour des thématiques anti-vaccination.

Cap Finistère : Quel partenaire sera Olaf Scholz au sein du couple franco- allemand ?
Nicolas Stallivieri : Olaf Scholz a été maire de Hambourg, grande ville commerçante qui regarde traditionnellement vers l’Angleterre et le Nord de l’Europe, mais aussi vers les États-Unis. Il est clairement pour que l’Allemagne reste dans l’OTAN ce qui, pendant cette campagne, a constitué une vraie ligne de fracture avec Die Linke.
Mais il a aussi été le ministre plénipotentiaire pour les relations culturelles avec la France. Conscient de l’importance des relations franco-allemandes, il a été à l’origine du projet de lycée franco-allemand de Hambourg, convaincu que les échanges, en particulier des jeunes, lycéens, étudiants ou en apprentissage, permettent de consolider les partenariats entre les deux pays.

Article publié dans le Cap Finistère n°1370 du 15 octobre 2021




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