Oui à la télémédecine, mais…
Innovation majeure qui peut améliorer la prise en charge des patients, la télémédecine ne peut pas être considérée comme la panacée pour résoudre le problème des déserts médicaux. C’est ce qu’a expliqué le sénateur Jean-Luc Fichet dans une tribune publiée par le Trombinoscope.
« L’accès aux soins est un enjeu fondamental pour nos concitoyens. Or, l’accroissement des inégalités territoriales face à l’offre de soin est préoccupant », souligne en préambule le sénateur du Finistère qui a fait de la lutte contre les déserts médicaux une de ses priorités.
« En effet, selon une étude de la DREES (Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques) de mai 2017, 8 % de la population réside dans une commune sous-dotée en médecins généralistes. Les inégalités sont encore plus fortes en ce qui concerne les spécialistes.
Face à ce constat inquiétant, qui concernent les territoires ruraux mais aussi de nombreux espaces urbains ou périurbains, il nous faut trouver des solutions efficaces et à même de garantir l’accès de tous aux soins médicaux. Et ce, précise Jean-Luc Fichet, dans un contexte où le vieillissement de la population et la forte augmentation du nombre de maladies chroniques nous obligent à repenser l’offre et l’organisation des soins sur tout le territoire.
En la matière, la télémédecine est incontestablement un outil dont nous devons nous saisir », estime le sénateur, citant pêle-mêle la téléconsultation, la téléexpertise, le dossier médical partagé.
« Cependant, qu’en est-il de la télémédecine dans les territoires où la désertification médicale est de plus en plus intense ? », s’interroge Jean-Luc Fichet. « Constitue-elle une solution durable pour garantir l’accès aux soins à ceux qui y résident ? Assurément non, tant la e-santé doit s’envisager comme un complément et non un substitut à l’accès traditionnel à l’offre de soin. Rien ne pourra en effet remplacer la part d’appréciation subjective du praticien liée à la présence physique du patient et qui peut, dans certains cas, s’avérer essentielle à l’établissement du bon diagnostic.
C’est pourquoi il nous faut continuer à lutter sans relâche contre la pénurie de médecins dans certains territoires. Sur ce sujet, force est de constater que beaucoup a déjà été tenté : soutien à la formation, aides contractuelles à l’installation mise en place par l’État, aides conventionnelles et fiscales, concours des collectivités territoriales… »
Jean-Luc Fichet se demande, en conclusion, s’il faut poursuivre dans cette voie incitative qui ne s’avère pas très efficace. Ou alors faut-il envisager des mesures coercitives ? Pour le sénateur la question mérite d’être posée.
Article publié dans le Cap Finistère n°1247 du 16 novembre 2018