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mercredi 25 décembre
Pays au bord de la crise de nerf
Une hirondelle ne fait pas le printemps. Si les sociaux-démocrates ont remporté les élections dans le land de Hambourg, il ne faut pas oublier que l’Allemagne traverse une crise politique grave nous rappelle Philippe Loiseau, secrétaire de la section des Français de l’étranger pour l’Allemagne du nord et conseiller consulaire,
 
Cap Finistère : Faut-il voir dans la victoire du SPD à Hambourg les premiers effets de la nouvelle ligne incarnée par Norbert Walter-Borjans et Saskia Esken ?
 
Philippe Loiseau : Non, on ne peut pas dire ça. Hambourg est à la fois un Land et une ville-État, ville de commerce, d’armateurs, plus bourgeoise que d’autres villes comme Berlin par exemple. Cette élection a été essentiellement locale et les dirigeants fédéraux du SPD ne se sont pas impliqués dans la campagne. Le SPD hambourgeois n’est pas forcément sur la même ligne que la nouvelle direction, plus à gauche.
Le maire sortant Peter Tschentscher a mis en avant son bon bilan en matière de logements, de transports ou d’éducation et de petite enfance. En outre, ces bons résultats ont été obtenus avec une politique budgétaire rigoureuse. Les dirigeants fédéraux du SPD se sont bien sûr félicités de cette victoire mais sans y avoir joué un véritable rôle. D’ailleurs cette nouvelle direction, n’est pas encore très connue des Allemands qui ne comprennent pas très bien où elle veut aller.
Les enseignements de ce scrutin sont les suivants : Les sociaux-démocrates, en léger recul, restent la première force politique de Hambourg. Leurs alliés, les Grünen doublent leur pourcentage mais ne les dépassent pas. La CDU s’effondre et leur allié du FDP disparaît du parlement. Ces deux partis payent ce qui vient de se passer en Thuringe, d’accepter les voix de l’AFD pour reprendre le Land à Die Linke. Enfin, contre toute attente, l’AFD se maintient de justesse.
 
Cap Finistère : La « grande coalition » CDU SPD peut-elle encore tenir ?
Philippe Loiseau : La question serait plutôt « la grande coalition peut-elle exploser » ? Car le résultat de l’élection du Land de Hambourg ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt. En effet, le SPD a gagné cette élection mais dans le reste du pays les sociaux-démocrates sont crédités d’environ 16% des voix, moins encore en à l’Est.
La nouvelle direction du SPD élue à la fin de l’année 2019 avait affirmé sa volonté de sortir de la grosse coalition avec la CDU, mais avec un score assez serré face à l’ex-maire de Hambourg. Les ministres sociaux-démocrates parviennent à mener une politique assez crédible. Le SPD ne voulait pas de cette coalition mais la réalité des rapports de force au Bundestag l’a obligé à négocier avec la chancelière Merkel. D’autant qu’il n’est toujours pas question d’accords entre le SPD et Die Linke au niveau fédéral.
A cela il faut ajouter la crise que traverse la CDU après l’annonce de la démission de la présidente Annegret Kramp-Karrenbauer (AKK) qui avait pourtant été intronisée pour succéder à Angela Merckel. Trois candidats de la CDU, et un de son allié bavarois CSU sont sur les rangs pour diriger le parti. La chancelière va terminer son mandat très affaiblie, la CDU aussi.
Dans ces conditions, aucun des deux partis de gouvernement n’a intérêt à rompre l’accord. Dans un pays qui aime la stabilité, une rupture de cette coalition et la convocation d’élections anticipées seraient très mal vécue par les électeurs. On voit mal qui prendrait le risque de dénoncer cet accord ? D’autant qu’aujourd’hui, les deux "grands" partis de gouvernement ne rassemblent pas plus de 40 % des suffrages. Et celui qui porterait la responsabilité de la rupture risquerait d’être sanctionné par les électeurs.
 
Cap Finistère : Surtout quand l’extrême-droite a le vent en poupe. Faut-il craindre une montée de l’extrême-droite ? Ou le dernier attentat n’est-il que l’acte isolé d’un déséquilibré ?
Philippe Loiseau : Le score de l’AFD à Hambourg ne doit pas faire illusion : l’extrême-droite peut rassembler des milliers de personnes dans des manifestions anti immigrés et réunir plus de 20% des électeurs dans certains Länder de l’Est du pays. Surtout, elle a « libéré » la parole. Elle dispose d’une tribune au Bundestag et se présente comme la première force d’opposition. Elle ne dispose pas encore de vice-président au parlement mais, comme on l’a vu en Thuringe, certains à droite sont prêts à s’allier avec elle. C’est la rupture d’un tabou.
Les propos que tiennent les dirigeants de l’AFD sont extrêmement violents. Parfois leur discours, basé sur le rejet de tous ceux qui sont différents, reprend le vocabulaire des Nazis, au point que la Justice allemande a estimé qu’on peut qualifier certains dirigeants de l’AFD de "fascistes".
Les auteurs des derniers attentats ont été identifiés d’abord comme des racistes, celui de Hanau se croyait "persécuté", et l’AFD est mise en accusation pour « les avoir armés » en libérant la parole.
En outre, les résultats économiques d’Angela Merckel ne sont plus aussi bons. La croissance ralentit et les entreprises connaissent des difficultés. Certes, les finances du pays sont toujours en excédent. Mais à quel prix ? Les gens se cherchent et leur coeur pourrait bien être séduit par les Verts.
 
 
 



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