Pour l’innovation sociale
« Laissez-nous innover, inventer, expérimenter ! » C’est l’appel unanime lancé par les socialistes à La Rochelle. Véritable serpent de mer de la vie politique française, le droit à l’expérimentation pour les collectivités locales est devenu une impérieuse nécessité, en particulier dans le domaine social comme l’ont démontré les élues, Nathalie Sarrabezolles et Carole Delga, à l’atelier « Innovation sociale » au Campus 2019 à La Rochelle.
« L’innovation sociale est d’abord un état d’esprit, une manière de penser », a rappelé la présidente du Conseil départemental du Finistère. « Depuis le début des années 2000, et l’élaboration de notre agenda 21, nous avons pris l’habitude d’associer les habitants et leurs représentants lorsque nous élaborons nos politiques publiques ».
Alors que la France se caractérise avant tout par sa diversité, vouloir appliquer les mêmes politiques, décidées à Paris, sur l’ensemble du territoire de manière uniforme est contre-productif. Même au sein du Finistère, les enjeux ne sont pas les mêmes sur l’ensemble du département.
Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, approuve cette volonté de coopération avec les départements. « Dans le domaine social, nous ne disposons pas de l’expertise nécessaire et surtout, notre territoire est trop étendu pour intervenir efficacement. Il faut de la proximité. »
S’il existe une illustration de l’importance de l’expérimentation dans le domaine social, c’est bien « Territoire zéro chômeur de longue durée ». L’idée même de cette opération est de vérifier empiriquement si l’argent que la collectivité consacre à l’indemnisation des demandeurs d’emploi ne serait pas plus utile à financer des entreprises à but d’emploi pour permettre à des chômeurs de travailler et de rendre des services que le marché avait abandonné.
La loi permettant cette expérimentation sur dix territoires a été votée en février 2016. 1 849 demandeurs d’emploi de longue durée se sont portés volontaires. 770 ont été embauchés en CDI par une entreprise à but d’emploi et près de 300 travaillent dans une entreprise classique.
Le bilan à mi-parcours est donc très encourageant. Mais que se passera-t-il à l’avenir ? La réussite de ce dispositif repose essentiellement sur la mobilisation de toutes les forces vives du territoire qui s’engagent sur le long terme. Il n’est donc pas concevable que l’expérience engagée dans les dix premiers territoires s’achève au bout de cinq ans. Mais il faut aussi tenir compte des autres collectivités qui souhaitent entrer dans le dispositif et surtout qui se préparent, depuis déjà plusieurs mois. Reste à savoir si la majorité actuelle s’engagera à poursuivre l’expérimentation et à permettre à d’autres territoires de s’y engager…
Article publié dans le Cap Finistère n01279 du 6 septembre 2019