« Il est une chanson que n’aiment pas les Bretons. Le Kousk, Breizh Izel, enjoignant la Basse-Bretagne à dormir, pourrait cependant se révéler efficace. En effet, bien qu’éveillée, la Bretagne dans son ensemble n’est pas à l’abri de l’assoupissement.
Certes, la Bretagne affiche actuellement un dynamisme des plus prometteurs. Ainsi, dans son dernier bilan chiffré, la Chambre de commerce et d’industrie de Bretagne estime que la valeur du produit intérieur brut de la région augmente en moyenne chaque année de 1,8 %, soit une croissance supérieure au niveau national (1,5 %). Étant la première région de pêche et la deuxième région agricole de France, la Bretagne jouit d’une économie dont les spécificités assurent son rayonnement à l’échelle européenne. Mieux : avec la présence de plus de 750 entreprises dont plusieurs groupes internationaux et une quarantaine d’entreprises de taille intermédiaire dans le secteur numérique, une dépense de 1,7 milliard d’euros consacrée au domaine de la recherche et du développement et un taux élevé de réussite au baccalauréat, la région a aussi un avenir.
Mais il faut le faire fructifier. Car il est un défaut humain qui vaut aussi pour les collectivités : l’acquis est l’ennemi du progrès. À se reposer sur cette bonne santé économique, la Bretagne risque en effet de s’endormir et de ne pas être aux rendez-vous des défis importants qui se présentent à elle comme les transitions numérique et écologique, le renouvellement de notre tissu économique ou l’accessibilité de notre pointe bretonne.
Pour y remédier, il est nécessaire d’accompagner cet essor d’un « souffle » politique intégrant l’action et la réflexion des militants de la Bretagne, ses femmes et hommes de convictions. Car les intérêts de la Bretagne ne doivent pas être défendus sur le seul plan économique, mais également par le prisme de l’action politique. Celle qui doit mener la région dans le sens du progrès partagé, entre développement économique et justice sociale.
Cet équilibre, la gauche bretonne l’a de tout temps accompagné. Pour s’en convaincre, il suffit d’étudier l’histoire de l’évolution de la Bretagne depuis un demi-siècle : elle est bien cette terre où présence politique de gauche et dynamisme économique ont toujours été de pair.
La gauche bretonne y est parvenue en démontrant que la cohésion sociale ne s’assure pas seulement à partir de bons chiffres économiques. Elle a su convaincre de la nécessité d’accompagner ces derniers d’un travail de réflexion commun, mené à partir de valeurs partagées au niveau local, avec pour motivation la justice sociale. Ce n’est qu’à cette condition, autrement dit la prise de conscience d’une participation réelle à l’essor de son territoire et d’une juste répartition de ses fruits, que pourront s’agréger les énergies – celles des militants, des entrepreneurs, des acteurs culturels, des syndicats – pour faire s’envoler la Bretagne.
Pour favoriser cette initiative, notre objectif est de remettre en ordre de marche le Bureau régional d’études et d’informations socialiste (BREIS). Cette plateforme qui a jadis servi à réfléchir aux enjeux qui intéressaient la Bretagne et qui a accompagné l’implantation progressive de la gauche dans une région qui ne lui était historiquement pas acquise.
Tout ceci, le BREIS doit continuer à le faire. C’est pourquoi nous assurerons son renouveau, afin qu’il accompagne durablement l’action politique de la gauche bretonne. Il en va du maintien de l’entente entre les Bretons et les idées portées par cette dernière. Pour l’assurer, cette plateforme doit pouvoir intégrer en son sein toutes les forces vives de la gauche progressiste, élus, militants et, au-delà, acteurs culturels, sociaux, économiques ou associatifs.
C’est à ce prix que le Kousk Breizh Izel restera une comptine pour enfant et non le testament d’une gauche bretonne dont la voix doit plus que jamais se faire entendre. »
Arnaud Platel
Secrétaire fédéral au BREIS et au projet
Cap Finistère n°1227 du 18 mai 2018
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