Pour un renouveau du service public d’Education : enseignants, associations, collectivité… A Brest, tous mobilisés !
Les 20 premiers signataires : Didier Bélier, Président Ligue de l’enseignement 29 - David Bellanger, Directeur Cemea Bretagne - François Cuillandre, Maire de Brest - Olivier Cuzon, Secrétaire départemental Sud éducation - Hervé Floc’h, Délégué départemental Sgen-Cfdt - Eric Guellec, Adjoint au Maire de Brest délégué aux relations avec les associations - Yannick Hervé, Sg Ligue de l’enseignement Bretagne - Emilie Kuchel, Adjointe au Maire de Brest chargée de la politique éducative locale - Marielle Lecomte, Vice-présidente Frmjc Bretagne - Diane L’hérondelle, Présidente Francas 29 - Sabrina Manuel, Secrétaire départementale Snuipp - Jean-François Marceau, Coordinateur Dden Brest - Florent Martinie, co-secrétaire départemental Fsu - Yves Pasquet, Secrétaire départemental Snes - Gwenaëlle Pouliquen, Présidente Usep29 - Nicole Poulmarch, Présidente Dden29 - Anne Seven, Secrétaire départementale Se-Unsa - André Schleret, Président Société des patronages laïques municipaux Brest - Nelly Vivien, Directrice Francas 29
ART 28 de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant :
« Les États parties reconnaissent le droit de l’enfant à l’éducation, et en particulier, en vue d’assurer l’exercice de ce droit progressivement et sur la base de l’égalité des chances
- ils rendent l’enseignement primaire obligatoire et gratuit pour tous
– ils encouragent l’organisation de différentes formes d’enseignement secondaire, tant général que professionnel, les rendent ouvertes et accessibles à tout enfant, et prennent des mesures appropriées, telles que l’instauration de la gratuité de l’enseignement et l’offre d’une aide financière en cas de besoin ;… »
La crise sanitaire a d’abord été marquée par la période du confinement où les acteurs de terrain ont tenté d’inventer une continuité pédagogique à distance la plus efficace possible, sans pour autant éviter le décrochage logique d’une partie des élèves. Le retour à l’école se fait dans le cadre d’un protocole sanitaire très strict qui impose de prioriser l’accueil des élèves mais selon des critères qui sont facteurs de confusion : d’une part le volontariat affiché des familles et d’autre part la définition de publics de natures très différentes, telles que l’activité professionnelle des parents et la situation de décrochage des élèves. La situation est d’autant plus complexe que les équipes pédagogiques doivent articuler collectivement et dans l’urgence un enseignement à la fois en présentiel et en distanciel.
Dans le même temps, le ministre de l’Éducation nationale déclare vouloir promouvoir le développement dans le temps scolaire d’activités 2S2C (sport, santé, culture, citoyenneté) en ouvrant largement les portes de l’école à des intervenants de toute nature : clubs sportifs, artistes mais aussi organismes marchands bien au-delà des associations complémentaires de l’école traditionnellement agrées pour ce faire. L’Education nationale souhaite par ailleurs déléguer l’organisation de cette partie du temps scolaire aux collectivités territoriales, pour assurer ces activités 2S2C. Les collectivités peuvent à leur tour, les déléguer aux intervenants évoqués ci-dessus.
À l’heure des remises en question du système politique, économique, social et éducatif, les choix qui seront faits pour remettre liant et sens dans le projet éducatif, préfigureront la société qui en émergera.
A ce stade, se posent trois types de problèmes préoccupants :
· L’externalisation d’activités (sport, culture, citoyenneté) qui doivent rester au cœur des pratiques pédagogiques de l’école et des enseignants et qui participent du socle des savoirs fondamentaux, en complémentarité de ce qui peut se faire en dehors de l’école
· L’irruption dans le temps scolaire d’intervenants sans aucune garantie pédagogique, ni conditions d’agrément qu’offrent depuis plusieurs décennies les réseaux d’éducation populaire, partenaires de l’école publique
· Le risque d’être source d’immenses inégalités tant les moyens dont disposent les villes sont disparates. Aux situations financières qui sont antérieures à la crise sanitaire, il faut en effet ajouter l’évolution différenciée de l’épidémie sur le territoire. Ca n’est pas la compensation financière annoncée par le ministre, qui est de l’ordre de 110€ par jour et par groupe de 15 enfants, qui rattrapera ces inégalités. Les coûts réels sont en effet de plus du double de cette somme.
Plus grave, lors de son intervention au Sénat le 19 mai dernier, Jean-Michel Blanquer indique que cette organisation devrait préfigurer la rentrée de septembre 2020. Ces déclarations soulèvent une vive inquiétude parmi les représentants de collectivités territoriales, les syndicats enseignants, les associations d’éducation populaires, les représentants de parents d’élèves,...
Si la crise sanitaire a de fait obligé à modifier le fonctionnement de l’Ecole, l’institutionnalisation de mesures conjoncturelles prises en urgence, remettrait en cause les principes fondateurs de notre école républicaine. Nous savons depuis longtemps que l’externalisation d’une partie du travail scolaire dans les familles est une source d’inégalités, ce que la crise, à travers l’école à distance, n’a fait que confirmer en amplifiant ces fractures.
Nous croyons fermement à une approche globale de l’Education qui s’appuie sur la complémentarité éducative entre l’Ecole et ses partenaires. Nous pensons que l’abandon de l’école obligatoire, la réduction des temps scolaires, et la délégation d’une partie de ses missions ne répondent nullement à cette complémentarité et font courir un grave danger au service public de l’éducation.
Les choix effectués à Brest de mettre en place une organisation exceptionnelle pour accueillir de nombreux enfants sur le temps scolaire sont clairs :
-les 2S2C ne peuvent être conçus que sur la seule période située entre le confinement et les vacances scolaires d’été pour répondre à l’urgence.
-les 2S2C ne peuvent être réalisés que sous le pilotage de l’Education nationale en collaboration active avec la collectivité et les associations agréées (associations d’éducation populaire oeuvrant régulièrement aux côtés de l’Ecole publique,...)
-les 2S2C ne peuvent être un prétexte au démantèlement à partir de la rentrée de septembre du service public d’éducation et à des autorisations d’écoles pilotées par le secteur marchand .
L’Ecole est l’institution ou s’articulent le commun et le particulier. Elle ne peut pas se résumer à la seule acquisition de savoirs fondamentaux conçus de façon réductrice.
Le pédagogue ne se confond pas avec le support pédagogique. On ne le remplace pas par un support de transmission, encore moins unique en cas de besoin, comme le numérique par exemple.
L’Ecole est un lieu éminemment social, un lieu de cohésion, un lieu de vivre-ensemble qui développe la collaboration et la solidarité. Elle ne se réduit pas à l’instruction, elle éduque. C’est sous cette forme qu’elle doit être préservée et développée.
C’est pour cela que les signataires de cet appel se mobiliseront pour défendre, redéfinir et promouvoir une école d’après, œuvrant réellement à la réussite de tous les enfants.