Pour une Europe de gauche !
« Il est en train de se passer quelque chose à gauche ! » Voilà le leitmotiv du meeting de Rennes du 14 mai, qui s’est tenu quelques heures après le début de la campagne officielle pour les élections européennes.
L’Europe a besoin de combattantes et de combattants pour porter un projet ambitieux et la réconcilier avec les citoyens. Elle a besoin d’eurodéputés qui ont fait la preuve de leur détermination.
« C’est ce soir que tu vas mourir. » Voilà un des SMS que Claire Nouvian a reçu en 2008. À l’époque, la présidente de l’ONG Bloom militait pour l’interdiction du chalutage en eaux profondes en Europe. « Cette méthode de pêche détruisait complètement les fonds marins. Il a fallu huit ans pour que nous parvenions à l’interdire », a-t-elle expliqué. Mais pour y parvenir, elle a dû subir les pressions des lobbies qui ne reculent devant rien pour intimider leurs adversaires. « Parfois ça fonctionne et certains abandonnent. Mais pas nous. Et après le chalutage en eaux profondes, nous nous sommes opposés à la pêche électrique, qui, elle aussi, provoque des dégâts irréparables sur l’écosystème et qui ne profite qu’à quelques armateurs hollandais. »
« L’Europe a besoin de combattantes et de combattants. »
Les lobbies ne prospèrent que si la puissance publique les laissent faire ou pire, leur apporte son soutien. Jérôme Karsenti, avocat de l’association Anticor et onzième sur la liste de Raphaël Glucksmann, a longuement expliqué comment lutter contre la corruption au niveau européen. Car, pour l’avocat « les prétoires ont des limites ». S’il faut lutter contre la fraude fiscale, il est aussi nécessaire de combattre l’évasion fiscale. Les groupes financiers disposent de moyens pour orienter la législation.
C’est pourquoi Envie d’Europe propose la création d’un parquet européen de lutte contre la corruption indépendant, d’une haute autorité pour la transparence de la vie publique. Elle demande également une interdiction du pantouflage et la possibilité pour le Parlement de destituer un commissaire.
L’Europe que veulent construire les socialistes, c’est celle qui répond aux urgences sociales, environnementales ou démocratiques. « Nous voulons une Europe de la rénovation thermique énergétique qui allie écologie et social », a insisté Nathalie Appéré.
« Le fatalisme est une maladie contagieuse, l’enthousiasme aussi. »
La liste Envie d’Europe, écologique et sociale est celle qui rassemble des personnalités qui ont démontré leur engagement et sont reconnues par leurs pairs. « Quelle autre liste peut se vanter de compter dans ses rangs deux lauréats du prix Goldman qui est l’équivalent du prix Nobel dans le domaine de l’environnement ? »
Cette liste Envie d’Europe constitue un creuset pour la gauche du XXIe siècle selon Raphaël Glucksmann : l’union des écologistes et des socialistes qui ont accompli leur révolution culturelle. Les uns laissant de côté le productivisme et les autres intégrant la justice sociale dans leur réflexion.
Il est temps de réaliser cette synthèse. Car l’échec du PS en 2017 ne sanctionnait pas les cinq années précédentes mais une période de quarante ans durant laquelle les idées libérales se sont imposées et ont remporté la bataille culturelle. « Il est urgent d’offrir un débouché politique sinon ce sont les nationalistes qui le feront. » C’est d’autant plus urgent que, sur le champ de la bataille culturelle le rapport de force est en train de s’inverser, comme l’a démontré Aurore Lalucq : « Chez les économistes, la doxa libérale ne convainc plus personne ».
Cette nouvelle donne idéologique appelle à des ruptures franches avec les politiques du passé en particulier en matière de commerce international et d’accompagnement du libre échange mais aussi en matière d’accueil des réfugiés. Baptiser la liste Envie d’Europe dans un moment où monte la défiance n’est pas anodin. « Cela résume vraiment notre état d’esprit car nous sommes profondément européens et nous savons que tous les défis auxquels nous sommes confrontés ne pourront être relevés qu’au niveau européen. » Ensuite, Raphaël Glucksmann fait de l’accueil des réfugiés une priorité. « Tout simplement parce que des vies sont en jeu et que si on renonce à ouvrir les ports, on renonce à tout. Nous, nous ne laissons rien à l’Extrême-droite. »
« Le fatalisme est une maladie contagieuse. Mais l’enthousiasme l’est aussi », a insisté Raphaël Glucksmann qui a appelé l’ensemble de la gauche qui agit dans les associations et les coopératives à rejoindre le rassemblement qui est en train de se créer autour du Parti Socialiste, de Place Publique, de Nouvelle Donne ou des Radicaux de gauche afin d’offrir un débouché politique à celles et ceux qui ne se résignent pas à voir la vie politique se structurer autour du clivage libéraux-nationalistes.
Article publié dans le Cap Finistère n°1271 du 24 mai 2019