La social-démocratie est la mieux placée pour engager et réussir la transition environnementale. C’est la conclusion qui ressort du Live des idées, consacré à la justice écologique qui s’est tenu le 8 avril.
L’urgence s’impose à tout le monde. Les effets du réchauffement climatique se constatent à l’œil nu et à l’échelle d’une vie. La baisse de la biodiversité peut conduire à une sixième extinction des espèces.
« Face à ces phénomènes, nous devons trouver le bon niveau de réponse », a insisté Boris Vallaud. « Nous ne pouvons plus nous accommoder de la politique des petits pas, mais nous ne devons pas, non plus, tomber dans la collapsologie qui nous promet la fin de la civilisation industrielle. »
Les limites de la planète apparaissent clairement et les causes sont connues. Les effets de l’exploitation capitaliste se font sentir partout et frappent principalement les plus pauvres et les plus fragiles. Il n’est
donc pas possible de faire confiance au marché pour réparer les dégâts causés par... le marché. Fondamentalement, les réponses à la crise climatique exigent l’édiction de normes, une régulation, par la puissance publique. Spontanément, jamais le capitalisme ne s’autorégulera. L’intervention de l’État s’avérera aussi indispensable pour accompagner les moins fortunés. Les 1% les plus riches émettent autant de CO2 que les 50 % les plus pauvres. Ce qui fait dire au député des Landes que, si nous habitons tous sur la même planète nous ne vivons pas dans le même monde.
« Nous vivons tous sur la même planète mais pas dans le même monde. »
Or, l’acceptation des mesures environnementales est essentielle. Cela passe par une prise en compte de l’ensemble des points de vue et un effort démocratique encore accru, à tous les niveaux, de l’Europe à la commune. « Mais ça passe aussi par un renouveau du multilatéralisme au plan international car, et cette évidence nous saute encore plus aux yeux depuis le déclenchement de la pandémie de Covid, nous sommes tous interdépendants », a souligné Jean-François Debat.
Tant que nous utiliserons le PIB (Produit Intérieur Brut) pour évaluer nos performances économiques, nous serons condamnés à faire de la croissance quitte à détruire la biodiversité, à favoriser le réchauffement climatique et à augmenter encore les inégalités.
Pour mener à bien cette transition, il faut introduire des critères environnementaux, sanitaires ou sociaux. La croissance ne doit plus être systématiquement recherchée. Au quantitatif, il faut maintenant préférer le qualitatif, surtout s’il se traduit par une relocalisation des emplois ou la création de filières de recyclages.
La puissance publique a un rôle fondamental à jouer. Mais les activistes du climat de leur côté ont aussi une mission à remplir : informer, expliquer et entraîner les mobilisations citoyennes. Il ne faut pas les voir comme des adversaires mais au contraire comme des alliés, complémentaires, poursuivant le même objectif : faire adopter aux citoyens des comportements plus vertueux dans des domaines comme l’alimentation, les transports ou le logement.
Comme pour les autres chapitres du projet 2022, les propositions des socialistes sont en ligne sur https://www. rdv2022.fr. Elles peuvent être amendées, complétées ou précisées jusqu’à cet été.
Avec les salariés
Qui dit transition dit, adaptation, anticipation et formation. Pour le Live des idées consacré à la justice climatique, Olivier Faure a débattu avec le secrétaire de la CFDT, Laurent Berger, du rôle que doivent jouer les organisations syndicales. Car il
ne suffit pas d’invoquer des industries propres, des circuits courts ou des énergies renouvelables. Encore faut-il disposer de salariés formés et surtout que cette transition ne se traduise pas par des suppressions d’emploi pour des milliers d’ouvriers dans des secteurs comme l’automobile, l’aéronautique ou la chimie. On a vu, avec le mouvement des gilets jaunes, qu’un pouvoir persuadé de détenir la vérité finit toujours par se heurter à la réalité, en l’occurrence celle des salariés qui étaient obligés d’utiliser leur voiture pour se rendre à leur travail.
Pendant longtemps, la gauche et le monde ouvrier avaient passé une sorte de pacte avec le capitalisme : l’économie produisait le plus possible et ensuite, la répartition des richesses s’opérait selon un rapport de force à déterminer. Mais tout le monde s’accordait sur un point : plus le gâteau serait grand, plus les parts à se partager seraient importantes.
La CFDT a sans doute été la première centrale syndicale, dès les années 70, à remettre en question cette course effrénée à la production, sans considération pour les dégâts écologiques qu’elle provoquait.
Pour Laurent Berger, la transition écologique ne pourra s’accomplir qu’à deux conditions : des négociations et un accompagnement. Rien ne pourra se faire sans l’engagement d’un dialogue avec l’ensemble des citoyens.
On le sait déjà, des activités seront amenées à disparaître ou à radicalement se transformer. Il est donc essentiel d’accompagner les salariés concernés.
Article publié dans le Cap Finistère n°1351 du 16 avril 2021
Partager |