Air France arrive en tête dans le palmarès RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises) du magazine Le Point. Quand on sait que l’entreprise tente de supprimer le site Hop ! de Morlaix, il y a de quoi être sceptique sur la méthodologie adoptée pour établir ce classement. Et vouloir apporter un peu de rationalité dans les critères de la RSE.
D’où l’intérêt de la proposition de loi des députés socialistes visant à créer une certification publique des performances sociales et environnementales des entreprises.
Le concept de responsabilité sociale et environnementale est aussi ancien que le monde de l’entreprise dans son acception moderne. Il y a toujours eu une dimension philanthropique, plus ou moins développée selon les époques, dans les entreprises.
« La RSE apparaît aujourd’hui pour l’essentiel comme une intention éthique visant à améliorer l’impact social et environnemental d’une économie marquée par la fulgurante accélération des avancées technoscientifiques et par le mouvement sans précédent de concentration et d’internationalisation des grandes entreprises qui les met en concurrence directe avec les États en matière d’édiction de normes et d’allocation des ressources », expliquent les députés socialistes dans l’exposé des motifs de leur proposition de loi.
En effet, si les seuls indicateurs classiques de performance économique procurent une vision borgne de l’entreprise, ceux de la RSE en donnent une vision floue. Les données sont peu accessibles, les opérateurs de la certification ne sont pas toujours transparents, les informations diffusées sous couvert de RSE s’apparentent encore trop souvent à de la publicité
à destination des actionnaires ou des clients... : le reporting extra‐financier est aujourd’hui dans l’incapacité de donner une vision juste et claire de l’impact social et environnemental de l’entreprise.
La clarté suppose un socle commun, une norme maîtrisée par la puissance publique, évaluée et révisée, avec mesure, au rythme du renouvellement démocratique. Cette norme publique prendrait la forme d’un label ou d’une notation établie sur la base d’un nombre limité de critères indiquant les impacts sociaux et environnementaux ainsi que la qualité de la gouvernance. Le contrôle établi par des certificateurs privés, agréés par l’État, permettrait un classement simple et lisible. Ce dernier donnerait la possibilité à tout citoyen, dans ses statuts de consommateur, mais aussi le cas échéant d’épargnant ou de collaborateur, de procéder à une comparaison claire des performances des entreprises en matière de RSE et à orienter par ses choix l’économie dans un sens vertueux.
Signe que l’affirmation de la responsabilité sociale des entreprises est un enjeu majeur pour la gauche, en France mais aussi en Europe, Raphaël Glucksmann a annoncé, le 19 novembre, que l’avis de la sous‐commission pour les droits humains sur le devoir de vigilance et la responsabilité des entreprises a été adopté avec une large majorité.
Article publié dans le Cap Finistère n°1333 du 27 novembre 2020
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