Pour une retraite juste
Plus d’un million de personnes se sont retrouvées ce jeudi dans des cortèges organisés par les forces syndicales dans toute la France. Dans le Finistère, les manifestations ont mobilisé près de 15 000 personnes à Brest, près de 10 000 à Quimper, 6 000 à Morlaix, 2 000 à Quimperlé, 1 000 à Carhaix et 500 à Landerneau. Cette mobilisation, au premier jour, dépasse celle de 1995.
Dans tous les cortèges, le Parti Socialiste, ses élus, militants et sympathisants étaient mobilisés aux côtés des Françaises et des Français pour s’opposer à la réforme des retraites annoncée par le gouvernement.
Cette mobilisation est la conséquence de l’impasse dans laquelle le gouvernement a plongé le pays avec une réforme dont chacun a compris qu’elle n’améliorerait pas sa vie au moment de sa retraite. Des avocats aux infirmières, des enseignants aux salariés du privé, ils étaient le 5 décembre en grève ou dans la rue.
« Depuis des mois que le gouvernement dit vouloir engager une réforme des retraites, les Français ont compris qu’il y a une véritable entourloupe », a analysé Stéphane Troussel, secrétaire national du PS aux nouvelles solidarités. « En effet, il ne peut pas dire vouloir un système plus juste plus égalitaire et puis finalement ne pas y mettre de moyens supplémentaires. Il ne peut pas y avoir des gagnants sans qu’il y ait aucun perdant. Avec ce fameux système par points et avec un certain nombre de contraintes qu’il a mis lui-même. En effet, le nombre de retraités va augmenter mais le gouvernement ne veut pas discuter de la part que vont représenter les retraites dans la richesse nationale. Il ne veut pas non plus discuter de la pénibilité ou des carrières hachées ou de la situation des femmes. Il y a donc tout à craindre d’un système qui, chaque fois qu’il a été utilisé dans d’autres pays, s’est traduit par une baisse généralisée des pensions. C’est bien ça qu’ont compris les Français. »
« Ce système s’est toujours traduit par une baisse des pensions. »
À cela s’ajoute une défiance contre cette majorité basée sur l’expérience. « Depuis deux ans que ce gouvernement est en fonction il n’y a eu aucune réforme dans le domaine social qui s’est traduite par des avancées de justice et d’égalité », a rappelé Stéphane Troussel. « Il a servi, d’abord et avant tout, les plus riches et il s’est attaqué aux APL, aux étudiants, aux demandeurs d’emploi et maintenant aux retraités, aux salariés du secteur public et du secteur privé. Les Français veulent plus de justice et d’égalité. Ils sont attachés à notre modèle social, à la République sociale et face au désordre du monde face à un système de plus en plus injuste, cette mobilisation est une manière de dire, ça suffit. »
« Notre système de retraites est notre bien commun, nous devons le préserver et l’améliorer. C’est pour cela que nous demandons au gouvernement de prendre en compte notamment la pénibilité au travail - que nous avions instaurée pour un quart des Français et qu’il a largement amputée en 2017 - les carrières discontinues et la nécessaire évolution des retraites des femmes », a rappelé Olivier Faure.
« Nous défendons en somme l’idée d’une retraite en bonne santé égale pour toutes et tous, que l’on soit ouvrier, cadre ou dirigeant. La retraite ne doit pas être un temps sacrifié de notre vie. »
Mais, pour le secrétaire national du PS, « cette mobilisation n’est pas seulement dirigée contre la réforme des retraites. Elle traduit surtout l’expression d’un ras-le-bol face à la politique d’un gouvernement qui précarise les plus pauvres et envoie la classe moyenne dans le mur.
Nos concitoyens ne s’en sortent plus. Ils ont besoin de ne plus subir la peur du déclassement, de sentir que leur vie quotidienne peut s’améliorer. Leur demande d’une retraite juste, c’est en réalité l’aspiration à un travail qui paie, à un salaire, à un pouvoir d’achat digne. »
Le contre-projet du Parti Socialiste repose sur quatre grands principes : la reconnaissance des carrières longues, une vraie prise en compte de la pénibilité, une réduction des inégalités femmes/hommes et une retraite minimum garantie.
Article publié dans le Cap Finistère n°1292 du 13 décembre 2019