Voter pour un ou une candidat.e estampillé.e majorité présidentielle, c’est voter pour la retraite à 65 ans.
On voit bien que la macronie préfère éluder cette question. Tout simplement parce que le report de l’âge de départ à la retraite ne se justifie aucunement d’un point de vue économique. Il s’agit d’une mesure purement idéologique.
S’ils ont pu éluder le débat pour la campagne de la Présidentielle, ils ne pourront pas le faire pour celles des Législatives.
En préalable, il faut rappeler que la pérennité du système de retraite n’est menacée ni à court terme, ni à long terme.
Les dernières projections du Conseil d’Orientation des Retraites (COR), qui fait autorité en la matière, ne justifient aucunement un report de l’âge de départ.
Le déficit du système de retraite s’est fortement creusé en 2020, mais pour des raisons conjoncturelles. Le déficit de 18 milliards d’euros, (0,8 % du PIB) devrait très rapidement revenir à 4,7 milliards soit moins de 0,2% du PIB.
Aucun dérapage des dépenses n’est envisagé et la part des dépenses de retraites devrait se stabiliser aux alentours de 14% du PIB.
Faut-il pour autant ne rien faire ? Non. En effet, si le report de l’âge ne se justifie pas, il n’en demeure pas moins que le système de retraite reste encore trop injuste et mérite d’être réformé. C’est sur la question des inégalités que doit porter le débat : le problème des retraites est d’abord un problème de justice avant d’être un problème financier.
Un homme, cadre de 35 ans, peut espérer vivre 6,4 ans de plus qu’un
Pour plus de justice dans notre système
homme, ouvrier, et 15,9 ans de plus qu’un inactif ; ces écarts sont de 3,2 ans et 5,4 ans pour les femmes. Selon les chiffres de l’Observatoire des inégalités, l’espérance de vie en bonne santé des cadres est plus élevée de dix ans que celle des ouvriers ! Ainsi, le système bénéficie bien plus aux salariés les plus aisés qu’à ceux des classes populaires.
Pour corriger cette injustice, la loi du 20 janvier 2014 instituait le compte pénibilité permettant aux salarié.e.s qui avaient effectué des métiers pénibles de partir plus tôt à la retraite et incitait les employeurs à améliorer les conditions de travail.
À peine élu, le 22 septembre 2017, Emmanuel Macron fit passer une ordonnance, pour vider ce compte de sa substance en retirant les principaux facteurs de pénibilité que sont le port de charges lourdes, les postures pénibles, les vibrations mécaniques et l’exposition aux produits chimiques. Ce qui, de fait, excluait du compte pénibilité l’essentiel des salariés du BTP, une bonne partie de ceux de l’industrie, des caissières et des manutentionnaires de la logistique et de la distribution.
Une victoire de la Gauche unie aux Législatives se traduirait donc, dans un premier temps, par le rétablissement des quatre facteurs de pénibilité pour apporter plus de justice dans le système des retraites.
Article publié dans le Cap Finistère n°1394 du 20 mai 2022
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