Dans une tribune publiée par Le Monde, un collectif de quinze présidents (PS) de Conseils départementaux et la maire de Paris, Anne Hidalgo, réclament le droit d’expérimenter des solutions nouvelles au niveau départemental, notamment ouvrir le RSA aux jeunes de 18-25 ans et créer un revenu de base.
« Depuis plus d’un an, la pandémie a tendu à la société française un miroir grossissant de ses inégalités, de ses fragilités. À côté de l’impact sanitaire et économique qui marquera durablement notre société, la pandémie a agi comme un révélateur des mécanismes d’exclusion et de la pauvreté qui la fracturent. Dans cette crise si violente, un triple mécanisme est à l’œuvre.
Nous le savons, les effets de la crise sont loin d’être homogènes pour toute la population et dans tous les territoires. Face à cette crise, les acteurs publics ont dû s’organiser et il a fallu rapidement parer au plus pressé.
« Les Départements sont en première ligne pour limiter la casse sociale et accompagner au mieux nos concitoyens les plus vulnérables. »
Nous avons créé des fonds d’aides de plusieurs millions d’euros à destination des artisans et des commerçants, afin qu’ils puissent encore honorer leurs factures. Nous avons utilisé tous les moyens à notre disposition pour soutenir l’économie locale et des secteurs-clés, comme l’agriculture ou le tourisme, tout en continuant à irriguer les acteurs associatifs très sollicités durant cette période. Nous avons contribué à limiter les inégalités d’accès aux protections sanitaires, aux biens de première nécessité grâce aux « bons solidaires » ou encore aux outils numériques pour les plus jeunes.
Les Départements sont, par leur action, en première ligne pour limiter la casse sociale et accompagner au mieux nos concitoyens les plus vulnérables. La jeunesse est un point central, auquel nous apportons une vigilance toute particulière. Les jeunes en emploi plus précaire subissent de plein fouet l’impact économique de la pandémie. Le taux de chômage a progressé davantage pour les jeunes que pour les autres classes d’âge, en 2020.
Depuis 2017, les signaux d’alerte se sont multipliés. Nous refusons qu’ils ne soient pas entendus et que les jeunes demeurent l’angle mort de ce gouvernement.
En ce sens, nous sommes déjà à pied d’œuvre pour développer des politiques sociales innovantes et nous soutenons tous les dispositifs, dont celui de l’association France urbaine, qui vise à lutter contre la pauvreté des jeunes, par le biais d’accompagnements financiers et sociaux. Nous voulons une reconnaissance pleine et entière de la citoyenneté sociale des jeunes.
Nous réaffirmons notre volonté d’ouvrir le RSA aux jeunes de 18-25 ans et d’expérimenter un revenu de base. Assurance-maladie, revenu minimum, revenu de solidarité... La France a toujours su avoir l’audace de l’innovation sociale. Aujourd’hui, nous demandons au gouvernement d’être fidèle à notre histoire sociale et de nous laisser expérimenter, sur nos territoires, des solutions nouvelles pour accompagner nos concitoyens.
Cette lutte globale contre l’exclusion n’est pas qu’une question d’outils, de dispositifs, de procédures. La pandémie nous a cruellement rappelé que nous partageons une même communauté de destin. Si nous voulons gagner face à des divisions de plus en plus aiguës de la société française, nous devons porter fièrement un projet de fraternité et de solidarité. Prendre soin des autres, assurer des politiques de solidarité, lutter contre toutes les formes d’exclusion... Voilà le cœur des politiques publiques départementales. Nous appelons désormais à porter « une société du soin réciproque ».
Cela passe par une construction politique, à la fois plus équitable et plus solidaire, avec les plus fragiles. Elle nécessite de penser de nouveaux droits à destination des personnels et auxiliaires de soins ou d’accompagnement. Elle porte une vision globale des solidarités qui repose sur l’alliance entre l’action publique et les projets citoyens et collectifs.
Si le gouvernement assume de faire confiance à l’action locale, les Départements, par l’action sociale et territoriale qu’ils mènent, peuvent être au cœur de ce nouveau projet. Le moment est venu pour la France de réaffirmer que la solidarité est une ressource nationale et une richesse pour ses territoires. »
Article publié dans le Cap Finistère n° 1359 du 18 juin 2021
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