Dans une tribune publiée sur le site internet de France Info, quelques heures avant le début de l’examen du projet de loi « climat et résilience », plus de 200 personnalités de gauche ont appelé le gouvernement à se ressaisir et à prendre enfin la mesure des défis à relever pour réussir la transition écologique.
« En 2019, pendant la crise des gilets jaunes, et alors que les jeunes pour le climat se mobilisent partout dans le monde, le président de la République accepte de mettre en place un processus démocratique inédit : la convention citoyenne pour le climat. Première assemblée citoyenne dédiée au climat jamais organisée en France, ce processus est une innovation démocratique, qui pourrait annoncer une évolution de notre culture de la décision politique.
Les citoyens ont travaillé pendant neuf mois, fournissant un travail complet et ambitieux pour accomplir la mission qui leur avait été confiée : proposer des mesures permettant la réduction d’au moins 40 % de nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, dans un esprit de justice sociale. PDG, syndicats, ONG, parlementaires… nous sommes nombreux à avoir salué la qualité de leurs travaux.
L’Assemblée nationale a pourtant récupéré un projet de loi amoindri, ne permettant pas, selon l’ensemble des acteurs institutionnels et consultatifs, d’atteindre les objectifs fixés par la stratégie nationale bas carbone.
Alors même que de nombreuses améliorations pourraient être faites à ce texte, les parlementaires sont empêchés de remplir pleinement leurs fonctions. D’abord en commission spéciale, où de nombreux amendements ont été rejetés ou déclarés "irrecevables", alors même qu’il s’agissait d’amendements sur les mesures les plus impactantes pour diminuer nos émissions. Ou encore, par le choix de limiter le débat parlementaire à 45 heures, empêchant ainsi beaucoup d’amendements d’être défendus.
Ce projet de loi climat est censé poser les bases d’une nouvelle société que nous appelons de nos vœux. Un nouveau modèle qui tirerait les leçons de la crise que nous traversons et poserait les bases du fameux "monde d’après". Une société dans laquelle on se nourrit mieux, où l’on respire mieux et où notre travail fait sens, une société dans laquelle nos enfants grandissent avec les clés pour comprendre le monde changeant dans lequel ils évoluent.
Nombreux pourtant sont les citoyens qui changent déjà leur comportement au quotidien, et qui ne demandent qu’à être accompagnés. Nombreux aussi sont les entrepreneurs et chefs d’entreprise qui attendent davantage de régulation pour que l’engagement dans la transition écologique soit demain un véritable atout économique. Le projet de loi climat, en l’état, ne nous permet pas de nous mettre sur cette voie.
Article publié dans le Cap Finistère n°1349 du 2 avril 2021
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