Pourquoi j’ai décidé d’y aller
Si on peut juger de la qualité d’un candidat à la violence des attaques qu’il subit, alors Raphaël Glucksmann est un bon candidat. À peine, sa candidature annoncée, il a dû faire face à une série de critiques sur ses prises de positions passées. Il serait trop long de les expliquer toutes et de les remettre dans leur contexte. Il vaut mieux insister sur ses motivations actuelles, qu’il a résumé dans un texte intitulé « Voilà pourquoi j’ai décidé d’y aller ».
« Nous aurions pu, à Place publique, nous contenter de laisser la Bérezina annoncée advenir et publier un manifeste puissant au lendemain d’un 26 mai sinistre proclamant fièrement “ On vous l’avait bien dit ” », précise Raphaël Glucksmann en préambule.
Mais, pour le fondateur de Place publique, les défis à surmonter exigent d’être dans l’action et non dans la contemplation ou le commentaire.
« Si l’on pense - et je le pense - que notre monde est en péril et qu’en 2030, il basculera dans l’irréversibilité de la catastrophe climatique si tout ne change pas, alors tout doit être tenté.
Si l’on pense - et je le pense - que nos démocraties sont menacées, ébranlées par le néo-libéralisme et la vague nationale-populiste qu’il nourrit, alors tout doit être tenté pour briser le face-à-face mortifère entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
Si l’on pense - et je le pense - qu’il faut être aux côtés des dominés et des déclassés qui subissent au quotidien la violence sociale, aux côtés des minorités pour défendre leurs droits et leur dignité, alors tout doit être tenté pour reconstruire une République respectant les principes qu’elle proclame au fronton de ses mairies.
Si l’on pense - et je le pense - que ce “ Nouveau monde ” est non seulement chimérique, mais aussi dangereux, que le clivage Gauche/Droite conserve sa pertinence, que la puissance publique doit être relégitimée, que mépriser les corps intermédiaires revient à mépriser les piliers de notre démocratie, alors tout doit être tenté pour revitaliser une offre de gauche crédible.
Si l’on pense - et je le pense - que le projet européen est notre avenir, souhaitable et nécessaire, et qu’il est aujourd’hui menacé de dislocation, d’anéantissement, alors tout doit être tenté pour lui redonner sens.
Nous avons un besoin vital de l’Union européenne pour lutter contre le réchauffement climatique, pour imposer des règles au commerce international et des amendes à Google ou Apple, pour mettre fin aux paradis fiscaux, pour défendre un modèle social différent, fondé sur la préservation des services publics et non plus leur démantèlement, pour accueillir et non plus chasser les exilés, pour affirmer nos libertés publiques dans un moment de recul généralisé… »
Article publié dans le Cap Finistère n°1265 du 5 avril 2019