Dans quel état d’esprit sont les Françaises et les Français au moment où va s’engager la campagne présidentielle ? Et le projet présenté par Boris Vallaud répond-il à leurs attentes ? Pour répondre à ces questions Frédéric Dabi, de l’IFOP, a présenté, à Blois, une photo de l’opinion publique avec des mauvaises et des bonnes nouvelles pour la Gauche.
La mauvaise nouvelle c’est que l’opinion française se droitise de plus en plus. L’idée selon laquelle la France serait en déclin est approuvée par 61% des Français.
Pour autant, l’élection présidentielle n’est pas jouée d’avance et la Gauche a tout de même une carte à jouer car ce jugement doit être nuancé.
En effet, si sur des sujets identitaires ou sécuritaires les réponses de la Droite semblent l’emporter, sur les questions de société, les réformes que la Gauche a eu le courage de porter, alors même qu’une partie de la frange la plus réactionnaire du pays s’était fortement mobilisée, sont entrées dans les mœurs, comme le mariage pour tous. Aujourd’hui, il ne viendrait à l’idée de personne de remettre en cause ce droit qui, à entendre certains, il y a moins de dix ans, saperait les fondements mêmes de notre civilisation.
De même, on peut constater une crispation identitaire dès qu’il est question d’immigration ou d’Islam mais dans le même temps les Français restent attachés à la tradition d’accueil de la France et sont même plutôt favorables au droit de vote des étrangers aux élections locales.
Le coup de barre à Droite constaté depuis plusieurs années déjà n’empêche pas que les attentes restent en adéquation avec les propositions de la Gauche. Ainsi, 93 % des Français estiment qu’il faut un plan d’investissement massif pour la
santé. C’est d’ailleurs le premier sujet qui les met en colère, notamment à cause de la gestion calamiteuse de la crise sanitaire par le gouvernement.
Les Français veulent plus de justice fiscale. Ils réclament la baisse de la TVA sur les produits de première nécessité et demandent le rétablissement de l’Impôt sur la fortune. Pour une majorité de Français, les aides aux entreprises doivent se traduire par des contreparties en matière d’emploi, de pouvoir d’achat et de conditions de travail.
La Gauche a aussi ses chances pour 2022 car aucune thématique n’écrase les autres. Contrairement à 2002 où les questions sécuritaires dominaient largement, en cette fin de quinquennat les préoccupations des Françaises et des Français sont bien plus diverses. Et même sur les questions de sécurité les réponses des socialistes, en partie élaborées sur la base de l’expérience des élus locaux, sont de nature à convaincre les électrices et les électeurs.
La santé constitue une forte préoccupation. En raison de la situation sanitaire, bien sûr mais, a précisé Frédéric Dabi, « nous avons commencé à mesurer cette tendance dès 2019, en particulier sur la question de l’accès aux soins ».
L’environnement n’est pas la préoccupation principale mais elle reste à un haut niveau et surtout, elle progresse régulièrement. Mais c’est bien sur la santé qu’une majorité de Français attendent les propositions des candidats à la Présidentielle.
La sécurité n’est pas absente des préoccupations des Françaises et des Français. Mais elle n’écrase pas les autres sujets et, contrairement à 2002, elle ne porte pas uniquement sur la délinquance mais intègre également la menace terroriste.
Sur les questions de justice sociale ou de lutte contre les inégalités, les socialistes sont bien plus crédibles que les libéraux.
Les études d’opinion montrent que les Français jugent sévèrement le bilan du président sortant, en particulier sur deux points : l’environnement et la sécurité. En effet, le reniement des engagements du président de la République sur la convention citoyenne sur le climat a eu un effet dévastateur dans l’opinion qui
a pu constater que les lobbies étaient bien plus écoutés que les citoyens.
Le projet que vont défendre les socialistes répond aux aspirations des Français qui ne supportent plus les inégalités.
Il n’est pas normal que les écarts de salaires puissent être de 1 à 300 dans certaines entreprises.
Il n’est pas normal que l’écart d’espérance de vie entre les 5 % les plus riches et les 5% les plus modestes soit de 13 ans.
Il n’est pas normal de laisser des jeunes décrocher du système scolaire sans leur apporter un accompagnement.
Il n’est pas normal que des jeunes, auxquels on explique qu’avoir 20 ans est le plus bel âge de la vie, soient contraints de faire la queue dans les soupes populaires. Nous ouvrirons le RSA aux moins de 26 ans.
Il n’est pas normal que les revenus du capital soient désormais moins imposés que ceux du travail. Que les rentiers et les spéculateurs participent moins à l’intérêt général que les travailleurs de ce pays.
Le projet a été présenté à Blois
Nous allons donc vers une campagne présidentielle totalement ouverte. Les études sur lesquelles s’appuie Frédéric Dabi ne sont pas des sondages d’intention de vote. Et d’ailleurs, dans toute l’histoire de la Ve République, les sondages neuf mois avant l’élection se sont toujours révélés faux. C’est entre le mois de janvier et de mars que se forme la conviction des électrices et des électeurs en fonction des propositions des candidats réellement en campagne. Les champions de l’automne n’ont jamais été les vainqueurs du printemps.
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