Si on ne débat pas en période électorale, quand le fera-t-on ? Même si le président sortant refuse de défendre son bilan et évite de débattre avec ses concurrents, les socialistes ont décidé de créer des lieux de débats et de discussions.
Les solidarités font partie de l’ADN des Socialistes. Le forum intitulé « Quelles solidarités après la crise », qui s’est tenu à Ergué-Gabéric le 19 mars, animé par Matthieu Stervinou, a permis à Luc Broussy, spécialiste du grand âge, Nathalie Sarrabezolles, conseillère départementale, présidente de la commission de la politique de cohésion territoriale et du budget de l’UE (COTER) du Comité européen des régions (CdR) et Jean-Luc Fichet, sénateur, auteur d’un rapport sur les déserts médicaux, de déterminer les enjeux et de mettre en valeurs les propositions d’Anne Hidalgo.
Les débats et discussions autour des sujets sociaux doivent toujours intervenir en ayant quelques données, rappelées par Nathalie Sarrabezolles. La France est un pays riche : la 7eme puissance économique mondiale avec un PIB de plus de 3000 milliards d’euros. Et pourtant près de 15 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté qui se situe à 1100 euros nets par mois.
Tous les experts s’accordent pour estimer qu’on peut commencer à vivre sans trop se priver lorsqu’on gagne 1500 euros nets. Le Smic mensuel net est d’environ 1250 euros et le RSA s’élève à 565 euros. Il faut bien avoir tous ces chiffres en tête pour bien comprendre, par exemple, qu’une des priorités du président sortant, consiste à demander 15 à 20 heures de travail à des personnes qui ne perçoivent qu’à peine la moitié du seuil de pauvreté.
Les Socialistes ont toujours placé les solidarités au cœur de leur programme. Et ce sont les gouvernements de gauche qui ont le plus fait avancer les principales lois sociales a rappelé Luc Broussy. Une première vague de mesures a été prise au 19e et au début du 20e siècle pour encadrer et améliorer les conditions de travail des salariés, et tout simplement imposer la dignité des ouvriers. Puis une seconde vague est intervenue avec le Front populaire et surtout les grandes lois du Conseil national de la résistance qui jette les bases de notre système de protection : chômage, sécurité sociale, allocations familiales…
Et une troisième vague est intervenue à partir des années 80 pour « remplir les interstices » et aider celles et ceux qui n’entraient pas dans le cadre « classique » du ménage des 30 glorieuses composé de deux salariés et d’enfants scolarisés. Le chômage de masse, qui a débuté avec le premier choc pétrolier, a fait basculer toute une partie de la population dans la précarité, qui se reproduit de génération en génération. C’est ainsi que fut inventé le RMI, sous le gouvernement de Michel Rocard, qui est devenu le RSA, ou la CMU (Couverture maladie universelles) ou l’APA (Allocation personnalisée d’autonomie) sous celui de Lionel Jospin.
Car la principale révolution du 20e siècle, c’est bien l’allongement de l’espérance de vie, qui est passé de 45 ans, vers 1900 à 83 ans aujourd’hui a rappelé Luc Broussy. Compte tenu de la démographie, et de la transformation du baby-boom en papy-boom ou pour être plus précis en mamy-boom, nous allons connaitre une augmentation du nombre de personnes âgées fragiles ; « mais pas dépendantes » précise Luc Broussy d’ici 10 ans. C’est donc maintenant qu’il faut anticiper et prévoir les investissements nécessaires pour adapter les villes et les logements.
Mais il faudra aussi que sur l’ensemble du territoire, les patients puissent avoir accès à des professionnels de santé. Or, les déserts médicaux s’étendent, et pas uniquement en zone rurale, a précisé Jean-Luc Fichet, auteur d’un rapport sur le sujet. Toutes les mesures incitatives ont, jusqu’à présent, montré leurs limites. D’où la proposition d’Anne Hidalgo qui vise à affecter dans des zones délaissées, les étudiants en dernière année d’internat.
La combat contre les injustices ne s’arrête jamais. A chaque fois qu’on croit avoir remporté une victoire, un nouveau front s’ouvre. D’où l’importance de rappeler sans cesse que la solidarité est avant tout une question de choix : laisse-t-on chacun se débrouiller ? Ou construisons-nous collectivement des outils pour ne laisser personne au bord du chemin ?
Article publié dans le cap Finistère n°1387 du 25 mars 2022
Partager |