Quels sont les remèdes à la fracture territoriale ?
La mobilisation des « gilets jaunes » a mis en lumière un des symptômes du « mal français » : l’écart des niveaux de vie entre Paris et sa province. Que ce soit en matière de mobilité, d’accès aux services publics et aux soins ou d’aménagement du territoire, la dénonciation de cette fracture territoriale s’ajoute aux revendications d’ordre économique et fiscal.
La Bretagne n’est pas en reste. Pire : du fait de sa géographie péninsulaire et de la particularité de son maillage territorial autour des villes moyennes, notre région connaît un risque d’isolement malgré un dynamisme économique réel. Risque d’autant plus fort que cette fracture à l’échelle nationale se double d’une faille grandissante au niveau local entre la métropole rennaise et la pointe bretonne et entre les métropoles, les villes moyennes et les zones rurales.
Si la trop grande centralisation de notre appareil administratif autour d’un État puissant n’en est pas l’unique responsable, il n’empêche qu’elle explique une grande part de ce malaise. Entre méconnaissance des spécificités locales et difficulté d’écoute des aspirations des citoyens au plus près de leur quotidien, l’État français décide beaucoup mais adapte peu. D’où la crise actuelle qui, en plus d’être économique et sociale, est surtout celle d’une démocratie qui se veut représentative mais qui est accusée de ne servir de relais qu’entre les « élites ».
En Bretagne, ce diagnostic a déjà été fait. Que ce soit par le Comité d’Études et de Liaison des Intérêts Bretons (CELIB), lorsque notre région se remettait difficilement des affres de la guerre. Que ce soit par les agriculteurs léonards, lorsque le trop grand enclavement de la pointe bretonne rendait difficile la survie de notre économie. Que ce soit enfin par nos écrivains et artistes, appelant la jeunesse bretonne à ne pas déserter une terre alors pauvre en emplois.
Face à ces difficultés, des solutions existent et des propositions ont été avancées. Il n’en reste pas moins que près de quarante ans après les premières lois de décentralisation, celles-ci n’ont pas permis de réduire cette fracture territoriale. Décidées par l’État, elles ne semblent pas avoir pris la mesure de la demande d’une plus grande autonomie de nos territoires, leurs acteurs étant pourtant les mieux à même de saisir les préoccupations quotidiennes des citoyens.
C’est à partir de ce constat et de ces limites que des élus et militants bretons ont entamé un travail prospectif sur ce que doit être une Bretagne dynamique, d’un point de vue économique, mais aussi et surtout politique. Autrement dit tournée vers la cohésion sociale et capable de devenir force de propositions pour un État qui se doit d’entamer sa réforme.
C’est dans cette ligne que la Fédération du Finistère du Parti Socialiste vous invite à participer à un débat qui aura lieu le
samedi 2 mars à 10 h 00 à la Maison pour tous de Pont-l’Abbé et lors duquel interviendront :
- Jean-Jacques Urvoas, défenseur de la création d’une Assemblée de Bretagne et des façons d’y parvenir dans un ouvrage publié en 2014 ;
- Jean-Michel Le Boulanger, rédacteur d’un rapport publié en juin 2018 sur le droit à la différenciation territoriale dans lequel des propositions sont faites pour que la Bretagne se saisisse résolument de cette nouvelle étape de décentralisation ;
- Arnaud Platel, secrétaire fédéral au BREIS et au projet et co-rédacteur d’une note du Think tank L’Hétairie, sur le droit à la différenciation territoriale.
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Ce débat a vocation à initier un travail de réflexion sur ce que l’expérience bretonne, en matière de décentralisation, peut apporter à la réforme étatique. Il sera le point de départ d’une série de conférences sur d’autres thèmes intéressant la Bretagne et tous les acteurs concernés par son devenir. L’objectif final étant de réfléchir au renouveau de l’« esprit du CELIB », qui n’efface pas les étiquettes politiques mais qui peut faire s’entendre, autour de valeurs communes, l’ensemble des forces vives souhaitant défendre les intérêts de la Bretagne.
Article publié dans le cap Finistère n°1258 du 15 février 2019