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mercredi 25 décembre
Qui fait confiance à Blanquer ?
 
Le projet de loi dit de confiance pour l’école, présenté par Jean-Michel Blanquer est sans doute celui qui, depuis au moins 40 ans, suscite le plus de méfiance de la part de l’ensemble de la communauté éducative. Probablement, en partie, parce que ce ministre avait pris ses fonctions en promettant solennellement, le 26 mai 2017 : « Il n’y aura pas de loi Blanquer et j’en serai fier ». 
Le titre du projet de loi est même ressenti comme une provocation par les enseignants dans un contexte de défiance envers le ministre. Le mouvement des « Stylos rouges », après celui #PasDeVague, témoigne ainsi de l’exaspération des enseignants face aux difficultés d’exercer leur métier. 
Principalement, ce projet de loi avance de 6 à 3 ans l’âge de l’instruction obligatoire tout en imposant aux communes de financer les écoles maternelles privées (voir encadré). Il supprime le Conseil National d’Évaluation du Système Scolaire (CNESCO), institution indépendante, et met en place un nouveau Conseil de l’évaluation. 
Il revoit, encore une fois est-on tenté de préciser, la formation des enseignants : les Écoles Supérieures du Professorat et de l’Éducation (Espé) vont devenir des Instituts Nationaux Supérieurs du Professorat et de l’Éducation (Inspé). Et enfin, il promeut des expérimentations pédagogiques. Les écoles publiques et privées pourront déroger au Code de l’éducation en vue d’« expérimentations pédagogiques », limitées dans le temps. 
« Le titre même du projet de loi est ressenti comme une provocation. » 
Une délégation de députés socialistes et apparentés est allée à la rencontre des « Stylos rouges » avant le début de l’examen du texte. 
Les parlementaires socialistes sont extrêmement circonspects vis-à-vis de ce projet de loi pour au moins trois raisons. 
Alors même qu’il aborde de très nombreux sujets tels que la formation des enseignants, l’instruction obligatoire dès 3 ans, la refonte de l’évaluation ou encore le nouveau découpage territorial des académies, ce texte n’a fait l’objet d’aucune concertation préalable avec les syndicats. 
L’ensemble des instances consultatives : Conseil supérieur de l’Éducation, Conseil technique ministériel de l’Éducation nationale, Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche ont émis des avis négatifs. Selon les syndicats, jamais un texte n’avait été aussi massivement rejeté. 
Enfin, « par les trop nombreux renvois aux ordonnances et aux dispositions réglementaires, ce texte nous inquiète en ce qu’il pourrait être une machine à détricoter les mesures que nous avons adoptées pendant cinq ans », insistent les député.es socialistes. 
Clairement, la copie est à revoir…
 
La boîte de Pandore

 
Émilie Kuchel, adjointe à la vie scolaire, a fait ses comptes : « Pour la ville de Brest, la scolarisation obligatoire de tous les enfants dès 3 ans, coûterait 1,6 million d’euros ». Ce n’est pas la loi qu’elle remet en cause mais la manière dont le gouvernement entend la mettre en oeuvre. 
Aujourd’hui, 96 % des enfants de 3 ans sont scolarisés à Brest. « Nous ne savons pas pourquoi les 4 % restants ne le sont pas. Le financement des écoles maternelles privées est facultatif puisque la scolarisation n’est obligatoire qu’à partir de 6 ans. » Cependant, Brest, depuis la loi Debré, verse le même forfait aux écoles privées et publiques. Mais, la loi qui vient d’être votée en première lecture par l’Assemblée prévoit que l’État ne compensera que les communes qui ne versaient rien. Or, le forfait que donne la ville de Brest est d’environ 700 euros par élève. Un élève de maternelle a besoin de plus d’encadrement qu’un élève de primaire, soit environ 1 700 euros. 
Pour Émilie Kuchel, il n’est pas possible que la ville finance des écoles qui n’auront aucune obligation. Loin d’elle l’idée de critiquer ou de faire des procès d’intention aux écoles maternelles privées de Brest. Mais, il est tout de même inquiétant que la ville soit obligée de financer des écoles sans avoir la possibilité de vérifier si elles appliquent sa politique en matière de formation des personnels, par exemple. 
Autre problème soulevé par cette mesure : scolarisation obligatoire dit devoir d’assiduité. Tous les enfants de 3 ans sont-ils prêts à passer leurs journées à l’école ? Et cet accueil obligatoire ne va-t-il pas remettre en cause celui des enfants dès 2 ans ? 
Cette loi a été votée en première lecture, mais la mobilisation s’organise pour qu’elle soit profondément réécrite.
 
Article publié dans le Cap Finistère n° 1259 du 22 février 2019
 



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