« Qu’est-ce qui justifie une telle obsession à toujours s’attaquer aux plus fragiles ? » a demandé Anne Hidalgo le 16 mars dans l’émission Elysée 2022 « Emmanuel Macron a une constance depuis le début de son quinquennat : la destruction de notre système de protection sociale » a rappelé la candidate faisant allusion aux propositions visant à reporter l’âge de départ en retraite à 65 ans ou à conditionner le RSA à des heures de travail.
« ATD Quart Monde regrette profondément que la place faite à la lutte contre la pauvreté dans le débat présidentiel se limite essentiellement à des propositions qui, en plus de poser un regard stigmatisant sur les allocataires du RSA, remettent en cause le principe même de solidarité nationale » a dénoncé l’association dans un communiqué.
« Ces propositions s’inscrivent dans une logique qui n’est pas nouvelle et qui se nourrit de préjugés aussi faux que tenaces » rappelle l’association. « Derrière elles, se cache l’idée selon laquelle les allocataires des minima sociaux seraient des « assistés » qui « profitent du système », alors qu’une majorité d’entre eux se démène chaque jour. « le RSA n’est pas un choix, c’est le dernier filet de la solidarité nationale. Une solidarité qui n’est pas une charité que l’on accorderait aux plus démunis, mais un droit à des moyens convenables d’existence, qui est consacré par notre Constitution » rappelle ATD.
Alors qu’il avait été conçu comme un soutien « plancher » et inconditionnel aux personnes en précarité, le RMI – puis le RSA qui l’a remplacé – ont progressivement été dévoyés. Avec ces propositions, il deviendrait une aide qui se mérite, réservée aux « bons pauvres » qui rempliraient leurs « devoirs ». C’est sur la même logique qu’a été construit le Contrat d’engagement pour les jeunes, institué par le gouvernement en mars 2022. Or, défendre l’idée selon laquelle les devoirs viendraient avant les droits, c’est quitter le domaine du droit pour entrer dans celui de la morale.
Au forum sur les solidarités, à Ergué-Gabéric, le week-end dernier, Nathalie Sarrabezolles a rappelé que les « fraudes » au RSA sont extrêmement faible et que les anomalies dans les dossiers relèvent bien plus d’erreurs que d’une volonté de gruger. De plus, la complexité administrative contribue à faire exploser le taux de non-recours.
« Que le débat électoral sur les questions de lutte contre la pauvreté se limite à de telles propositions qui stigmatisent les plus précaires, n’est pas digne. Les 9,3 millions de personnes qui vivent en situation de pauvreté attendent bien davantage. Dans une société qui doit faire face à tant d’instabilités, nous attendons de nos responsables politiques qu’ils reconstruisent des sécurités pour toutes et tous et en particulier pour les plus fragilisés, pas qu’ils détricotent celles qui existent et qui permettent tout juste aux gens de survivre » a déclaré Marie-Aleth Grard, présidente d’ATD Quart Monde.
Article publié dans le cap Finistère n°1387 du 25 mars 2022
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