Reconstruire l’espoir à Crozon
Dans une zone sinistrée pour la gauche comme Crozon, la victoire de la liste menée par Gaëlle Vigouroux aurait été une gageure. Mais le résultat obtenu, (près de 25% dans une quadrangulaire), les liens qui se sont noués et la présence d’élu-es de gauche au conseil municipal et communautaire constituent de bonnes bases pour le mandat qui débute nous explique Gaëlle Vigouroux qui menait la liste « Crozon, dynamique, écologique et solidaire ».
Cap Finistère : Quel bilan tires-tu de cette campagne municipale ?
Gaëlle Vigouroux ; Avec mon équipe, nous avons mené, depuis près de 2 ans une belle campagne qui a commencé par l’élaboration d’un diagnostic partagé des enjeux de notre territoire avec les habitants. Nous sommes confrontés à des défis majeurs comme la dévitalisation, les difficultés d’accès au logement, à l’emploi, à la culture, à la santé. Ça se traduit concrètement par la perte d’une centaine d’habitants par an rien qu’à Crozon et la fermeture de 3 classes en Presqu’île. Nous avons fait le pari de l’intelligence collective pour trouver des solutions innovantes socialement et au sur-tourisme qui dégrade notre environnement. Il est urgent de reconnecter la presqu’île pour mettre fin à son isolement !
C’était la première fois que je me présentais et il faut bien avouer que je souffrais d’un déficit de notoriété auprès des personnes âgées par rapport à mes concurrents qui baignent dans la vie politique depuis de nombreuses années.
J’ai pu mesurer la force de l’inertie et de la peur puisque mes adversaires ont beaucoup joué sur ce registre. Alors que la liste était composée de toutes les sensibilités de la gauche et de l’écologie, avec peu de militants encartés et des citoyens engagés sur le terrain, nous avons été dépeints pars les uns comme une liste d’extrême gauche, par les autres comme de dangereux écolos. Avec l’impossibilité d’aller directement à la rencontre des électrices et électeurs nous n’avons pas pu dénoncer tous les mensonges qui ont été proférés.
Nous avons assisté à une lutte des égos qui explique cette quadrangulaire. Nous, nous avons une ambition très forte, mais pour notre territoire et ses habitants, pas pour nous-mêmes.
Cap Finistère : As-tu, à l’occasion de cette campagne particulière, découvert des facette de ta commune que tu ignorais ?
Gaëlle Vigouroux : Nous avons surtout pu vérifier la justesse du diagnostic que nous avions établi. Mais, en effet, j’ai rencontré des gens invisibles qui ne bénéficient d’aucune politique publique locale : les jeunes, les femmes, les personnes démunies. Les riches retraités forment une grande partie de la population de la commune. Tant pis si les jeunes continuent de quitter le territoire, s’il est difficile d’accéder à un emploi durable, au logement ou à la santé, si le sur-tourisme continue à dégrader l’environnement…ce n’est pas leur problème car finalement, ceux-ci vivent très bien comme cela.
Cap Finistère : On sent que tu es tout de même très enthousiaste.
Gaëlle Vigouroux : Comme toujours ! Si le conservatisme l’a emporté à Crozon, dans d’autres communes de la presqu’île, comme Lanveoc ou Telgruc les électrices et les électeurs ont fait le choix d’apporter leurs suffrages à des équipes qui s’inscrivaient dans la démarche écologique et solidaire que défend l’association « Bien vivre en Pïcam » (Bien vivre en presqu’île de Crozon et Aulne maritime).
La presqu’île de Crozon, est une zone sinistrée pour la gauche. Richard Ferrand, en basculant à droite (plus personne n’a de doute sur le positionnement politique d’En Marche !) a laissé un véritable champs de ruines. Plougastel, Chateaulin, Crozon, le constat est le même dans toute la 6e circonscription. Il est plus long et plus difficile de rebâtir que de détruire, mais notre 2nde place aux élections municipales constitue une bonne base pour les futures victoires.
Cap Finistère : Justement, comment envisages-tu ce mandat ?
Gaëlle Vigouroux : Nous sommes 4 élu.e.s au conseil municipal et je suis également conseillère communautaire, Vice Présidente du PNRA grâce à mon mandat régional. Donc nous pouvons agir. Nous allons être vigilants. Il ne faut pas s’y tromper, c’est la droite dure qui a gagné ici avec les voix du Rassemblement national. La situation de la Presqu’île exige au contraire plus d’horizontalité, plus de justice sociale, plus d’écologie. Nous allons, avec l’association « Bien vivre en PÎCAM » qui réunit élus et citoyens poursuivre notre travail à Crozon, mais aussi à l’échelle intercommunale car c’est bien à cette échelle que se prennent les décisions structurantes pour le territoire.