Le Parti Socialiste, par la voix de son Premier secrétaire, réclamait des états généraux de la sécurité pour sortir par le haut de l’impasse politique provoquée par la proposition de loi Sécurité globale. Emmanuel Macron annonce un « Beauveau de la sécurité ». Peu importe le nom, l’important est de renouer les liens entre la police et les citoyens et de pouvoir mettre tous les sujets sur la table : le recrutement, la formation, la mise en œuvre de la doctrine du maintien de l’ordre, la transparence, le contrôle indépendant de la police, le rôle des maires et le statut particulier de la Préfecture de police de Paris.
Dans une contribution publiée dans la perspective du congrès qui aurait dû se tenir à Villeurbanne, intitulée « Refaire
de la police un service public », David Habib, député des Pyrénées-Atlantiques, secrétaire national du PS à la Sécurité, avait déjà pris la mesure de la défiance entre les citoyens et leur police et avancé plusieurs propositions pour y remédier.
« La crise de la confiance est double », analysait David Habib. « Elle se joue entre les forces de l’ordre et la population, mais également entre le gouvernement et les Français. Ainsi, si en 2015, 80% des Français déclaraient faire confiance à la police : en 2020, ils ne sont plus que 66%, soit une baisse de 14% en cinq ans (à titre de comparaison, la confiance accordée à l’Armée n’a chuté que de 7 %). Aujourd’hui, un Français sur trois ne fait plus confiance à la police. »
Mais, face à ce phénomène, c’est aussi la confiance envers le gouvernement et sa capacité à assurer la sécurité des Français qui est remise en cause. Les violences au sein des manifestations des gilets jaunes ont, par exemple, été vécues comme une opposition de l’État avec la population. À la fin du mois un sondage Elabe indiquait que seuls 27% des Français faisaient confiance au ministre de l’Intérieur.
Pour les socialistes, il faut reprendre les expérimentations pour développer la police du quotidien. Lancée par le gouvernement de Lionel Jospin, la police de proximité a été supprimée par Nicolas Sarkozy.
Autre rupture avec l’époque Sarkozy, il faut mettre fin à la politique du chiffre. Aujourd’hui, les préfets doivent rendre compte sur 48 indicateurs prioritaires !
Il faut multiplier les contacts entre la police et les citoyens. À partir d’exemples de nos voisins européens, il faut que les citoyens puissent suivre le travail des agents. Les représentants des forces de l’ordre pourraient aussi participer aux travaux des comités de quartiers.
Les créations de postes doivent aller de pair avec l’augmentation ou la modernisation de moyens alloués aux forces de l’ordre. Aujourd’hui, l’augmentation du nombre de postes se fait au détriment du budget de fonctionnement.
Comme dans la plupart des autres pays, il est urgent de mettre en place des instances de réflexion, associant fonctionnaires de police et universitaires.
Le maintien de l’ordre, tel qu’il est pratiqué depuis 2018, est un échec. Il faut donc revenir à la doctrine qui prévalait avant le mouvement des gilets jaunes et cesser d’envoyer des policiers sans la formation nécessaire, avec des équipements lourds et un contact quasi systématique avec la population.
D’ailleurs, la question de la formation, initiale et continue, représente un enjeu essentiel.
Pour les socialistes, il faut multiplier le nombre de stages, en formation initiale, dans des associations ou des palais des Justice.
Les policiers doivent être réancrer dans leurs territoires : il n’est pas normal que 80 % des jeunes policiers soient affectés en Île-de-France.
La question du recrutement mérite aussi d’être posée. Pour les socialistes, il faut rehausser le niveau du concours pour les gardiens de la paix.
Enfin, l’IGPN (l’Inspection Générale de la Police Nationale) ne doit plus dépendre du ministère de l’Intérieur mais être totalement indépendante afin de crédibiliser ses décisions.
Voilà, donc au moins dix propositions qui peuvent alimenter les débats d’états généraux auxquels tous les Français pourraient participer. Seul le dialogue permettra de réconcilier les Français avec leur police.
Article publié dans le Cap Finistère n° 1335 du 11 décembre 2020
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