Référendum à un million ? Chiche !
À l’issue du Grand débat, le président de la République avait déclaré : « Nous devons donner plus de place à la voie référendaire dans notre démocratie. Et ce que je souhaite, c’est que dans le cadre de notre réforme constitutionnelle nous puissions aller plus loin sur le référendum d’initiative partagée, en simplifiant les règles, en permettant que l’initiative puisse venir de citoyens, un million de citoyens, qui signeraient une pétition ».
En voulant privatiser Aéroports de Paris (ADP), le gouvernement a commis une erreur stratégique grave mais pas irréversible si un référendum peut être organisé.
Cette privatisation constitue une mesure dangereuse pour l’économie et le rayonnement de la France : placée au coeur des intérêts stratégiques, l’entreprise ADP représente un service public d’intérêt général national, un outil de souveraineté et un leader mondial reconnu dans le domaine aéroportuaire.
C’est une mesure nuisible pour l’aménagement de la Métropole : ADP possède près de 7 000 hectares de terrains en Île-de-France, sans équivalent en Europe. Sa privatisation serait un non-sens économique : le cours de son action a augmenté de 160 % en cinq ans et son taux de profit permet à l’État de générer 175 millions d’euros de dividendes par an. Ils doivent servir à l’emploi et à l’innovation, pas à l’enrichissement d’actionnaires.
« Aéroport de Paris, c’est un monopole de fait, un service public national, une frontière, un outil d’aménagement du territoire, le “ hub ” d’Air France », a rappelé le député Boris Vallaud. « Pas le supermarché que le gouvernement prétend vendre à l’encan ! Se priver de cette entreprise stratégique, plus probablement pour l’éternité que pour les 70 ans annoncés, c’est se priver d’une part de souveraineté. »
Normalement un homme averti en vaut deux. Et pourtant… En matière aéroportuaire il existe un précédent qui aurait dû inciter le gouvernement à la prudence : l’échec de la privatisation de l’aéroport de Toulouse, qualifié de « fiasco » par la Cour des comptes.
De même, l’exemple de la privatisation des autoroutes aurait dû lui servir de leçon. Elle qui a coûté des milliards d’euros aux contribuables et elle permet aux sociétés d’augmenter les tarifs tout en diminuant l’entretien et l’investissement !
Toutes ces raisons ont conduit 248 parlementaires de tous bords, dont l’ensemble des parlementaires socialistes, à engager une procédure de référendum d’initiative partagée.
Le 4 décembre, la barre du million de signataires a été franchie. Il ne tient qu’au président de la République d’organiser un référendum et de poser une question très simple aux Françaises et aux Français : êtes-vous pour ou contre la privatisation d’Aéroport de Paris ?
Article publié dans le Cap Finistère n°1292 du 13 décembre 2019