La légende du migrant profiteur qui vient en France pour se prélasser et toucher les allocations en prend un sacré coup lorsqu’on entend les témoignages des salariés, sans papiers, d’entreprises agroalimentaires de la région de Landivisiau.
Le 19 janvier, à l’appel de l’Union locale CGT de Morlaix, plus de 250 personnes ont battu le pavé
dans les rues de Morlaix, de la Place des otages à la Sous-Préfecture, pour exiger la régularisation des travailleurs sans papiers, et particulièrement de six d’entre eux, travaillant dans une entreprise finistérienne. « Car c’est bien le préfet qui peut régulariser leur situation », rappelle Marc Corbel, secrétaire de l’Union locale CGT de Morlaix.
« Tout le monde sait bien que depuis des années, des sans papiers travaillent dans les exploitations agricoles du Finistère » précise Jean Miossec, signataire avec Tristan Foveau d’une tribune demandant à ce que les salariés sans papier puissent disposer d’un statut leur permettant de travailler légalement. Cette tribune deviendra bientôt ne proposition de loi qui sera soumise aux parlementaires du Finistère.
« Ces migrants, qui ont traversé de terribles épreuves pour fuir leur pays, veulent travailler » insiste Jean Miossec. « Et si des employeurs continuent de les embaucher depuis plusieurs
années, c’est bien la preuve qu’ils sont compétents et n’ont pas peur du travail. » En règle générale, ils interviennent pour des activités ponctuelles pour lesquelles il faut de la main d’œuvre rapidement opérationnelle.
C’est parce que certains d’entre eux ont eu le courage de pousser la porte de l’Union locale CGT pour défendre leurs droits que l’affaire a été rendue publique. Et que la justice a été saisie. Les conditions de travail justifient la plainte déposée auprès du Parquet de Quimper pour esclavage moderne : amplitude de travail de 48 heures, absence de repos compensateur, absence de vêtements de protection ou de masques. Les salariés ne disposaient que de deux masques jetables par mois. Plusieurs d’entre eux ont contracté la Covid. « Nous nous sommes même rendu compte que notre employeur encaissait l’argent
que les producteurs, chez qui nous intervenions, donnaient pour notre repas », expliquent les salariés. « Ce sont de véritables filières qui concernent le travail mais aussi le logement », dénonce le maire de Morlaix, Jean-Paul Vermot.
Les salariés sans papiers sont malheureusement pris au piège. Ils ne peuvent pas se défendre en justice car ils n’ont pas le droit à l’aide juridictionnelle.
Tous les parlementaires du Finistère ont été interpellés par l’Union locale CGT. Mais seul Jean-Luc Fichet a répondu à leur appel.
« Maintenant, le préfet du Finistère ne peut pas dire qu’il ne nous a pas entendu », a indiqué Marc Corbel à l’issue de la manifestation devant les portes de la Sous-Préfecture de Morlaix. Si, très vite, les régularisations ne sont pas annoncées et si les procédures judiciaires ne sont pas enclenchées, d’autres mobilisations seront programmées...
Article publié dans le Cap Finistère n°1340 du 29 janvier 2021
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