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mercredi 25 décembre
Rendez les doléances

« Un débat permanent. » Voilà ce que n’hésite pas à promettre Emmanuel Macron alors même que le quinquennat qui s’achève a essentiellement été placé sous le signe du mépris de l’expression citoyenne, qu’il s’agisse des conclusions de la convention citoyenne sur le climat ou des doléances exprimées dans le cadre du Grand Débat.
C’est ce qu’a expliqué le 30 mars, au Vauban à Brest, Didier Le Bret qui avec l’association Rendez les doléances veut que la promesse de transparence soit tenue et que les doléances des Français soient vraiment prises en compte.
Pourquoi un diplomate comme Didier Le Bret mène ce combat ? « J’ai voulu comprendre ce qui s’est passé pendant la crise des gilets jaunes. Je ne me satisfais pas de l’absence de réflexion d’une partie de la Gauche sur ce mouvement qui a très vite été étiqueté comme extrémiste, incohérent, voire dangereux. » Un mouvement comme celui des gilets jaunes ne peut pas être traité par le mépris. Il était, par bien des aspects, original et ne correspondait pas aux canons de la science politique. Mais il reflétait les aspirations profondes d’une grande partie de la population.
Il y avait pourtant matière à une réflexion sur ce que signifiait ce mouvement : et d’abord la symbolique du gilet jaune, qui sert à être vu. Ou sur les ronds-points, lieux de rassemblements, qui disent beaucoup de la manière dont a été organisé l’aménagement du territoire dans notre pays. Pour mettre fin, à ce mouvement, Emmanuel Macron avait imaginé un grand débat afin que les Français puissent faire part de leurs doléances. Ils pouvaient le faire sur un site internet dédié, ou en déposant leurs contributions dans les mairies.
Que nous apprennent les doléances auxquelles Didier Le Bret a pu avoir accès ? « On trouve de tout, dans ces documents. Des propositions ou des témoignages, parfois très drôles mais le plus souvent poignants. »
On peut faire ressortir trois grands types de préoccupations : le pouvoir d’achat, les services publics et la démocratie.
Mais il existe un fil rouge qui donne une cohérence à cet ensemble qui peut parfois apparaitre confus : l’exigence de justice sociale et de respect.
Le pouvoir d’achat est l’élément qui revient le plus souvent. Pour de nombreux ménages,
une fois les dépenses contraintes payées, il ne reste quasiment plus rien pour les loisirs ou la culture. Et il n’est pas possible de faire face quand arrive un évènement inattendu, quand il faut réparer une voiture ou un équipement électro- ménager.
Cette paupérisation des classes moyennes et populaires intervient alors que les services publics ont tendance à s’affaiblir, ce qui pose la question du consentement à l’impôt. Les doléances ne laissent pas apparaître un refus de la fiscalité, mais un droit de regard sur la manière dont est utilisé l’argent public.
Ce qui conduit au troisième grand bloc de revendications sur la démocratie qui se transforme, souvent, en réquisitoire contre les élu.es accusés, à tort ou à raison, de ne plus représenter leurs électeurs. D’où la demande de Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC).
Aujourd’hui, que reste-t-il de l’aspiration originelle des gilets jaunes ? Et pourquoi ne constate-t-on aucun mouvement, alors que le prix de l’essence, qui avait été l’élément déclencheur de ce mouvement, bat de nouveaux records ? « Tout simplement parce que le mouvement a été très durement réprimé », ont expliqué deux représentants du mouvement. « Nous étions tous des salariés, avec une vie de famille, et nous ne pouvions pas nous permettre de passer tout notre temps sur les ronds-points », ont-ils expliqué. « De plus, nous sommes très nombreux à ne plus vouloir participer à des manifestations depuis que nous avons vu avec quelle brutalité elles étaient réprimées. » Bénévoles comme « street médic » (soigneurs de rue) ils ont témoigné de ce qu’ils ont vécu, à Saint-Brieuc. « Des manifestants ont été coincés, sans possibilité de s’échapper. » Des méthodes qui ont valu des mises en garde de la part des organisations de défense des Droits de l’Homme.
Le gouvernement a tout fait pour tourner, le plus rapidement possible, la page des gilets jaunes, considérant que le grand débat mettait un point final à ce mouvement. Pourtant, les doléances n’ont pas été prises en compte et le travail d’interprétation reste à faire, sous peine d’une nouvelle crise, qui ne pourra pas, cette fois, être réglée par une nouvelle consultation sans lendemain...




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