Répondre aux crises
Sur les terres Rocardiennes de la 8e circonscription du Finistère, Pierre Larrouturou était comme un poisson dans l’eau, le 14 septembre, pour la Fête de la gauche. Sur la prairie Saint-Nicolas, devant un peu plus de 200 personnes, il a en effet insisté sur la nécessaire régulation de la finance et de l’économie.
Reprenant à son compte les préceptes de Jean-Jaurès, Pierre Larrouturou considère que « la politique, c’est dire des choses simplement, qu’on répète simplement. Il faut user le doute comme on fatigue la salade ».
Courbes et graphiques à l’appui, le député européen a démontré que les années 80 marquent le triomphe des thèses libérales et le début de phénomènes dont nous payons aujourd’hui le prix. Les Trente glorieuses ont été possibles car les États tenaient bon sur les valeurs de justice sociale. « Il n’y aura pas de paix durable sans justice sociale », expliquait Roosevelt au sortir de la Seconde guerre mondiale.
Avec la dérégulation libérale, la part des salaires et des cotisations dans le produit intérieur brut a baissé, passant de 67 à 57 %. C’est aussi à ce moment que la spéculation a pris des proportions inquiétantes et que les premiers effets du dérèglement climatique se sont fait sentir. Aujourd’hui, les effets de cette dérégulation exigent des réponses immédiates, sans quoi les conséquences environnementales seraient irréversibles.
L’isolation des bâtiments pourrait permettre de créer des centaines de milliers d’emplois. À condition que l’Union européenne, qui en a les moyens, soutienne ce genre de politique. Or, elle semble, aujourd’hui, plus soucieuse de défendre les marchés financiers. « Il est faux de dire que Trump nous empêche de prendre des mesures fortes pour lutter contre le réchauffement climatique. L’Union européenne peut agir pour réduire la pollution », a insisté le député européen. Et d’ailleurs, si le pouvoir fédéral américain n’agit pas, plusieurs collectivités locales ou États prennent des mesures pour limiter les émissions de carbone. En France aussi, les collectivités ont un rôle à jouer et les élections municipales seront à cet égard déterminantes. En effet, c’est de la gauche unie que viendront les solutions pour réguler l’économie et la finance et faire passer le pouvoir d’achat des ménages avant les intérêts des spéculateurs. « Nous devons aussi nous reposer la question de la réduction du temps de travail. Au travailler plus pour gagner plus, nous devons opposer le travailler moins pour licencier moins en nous inspirant, par exemple, de ce que font les Canadiens qui réduisent le temps de travail au lieu de licencier. C’est sur ce principe que les députés européens sociaux-démocrates demandent la création d’un bouclier emploi.
Et nous devons aussi mettre sur la table la question de la semaine de quatre jours qui obligerait les entreprises à embaucher. »
Article publié dans le Cap Finistère n°1281 du 20 septembre 2019