Retraites : le grand flou
Le projet de réforme du système de retraites est particulièrement anxiogène pour les salariés.
« Aujourd’hui c’est le grand flou. Le grand flou avec un président de la République qui ne joue pas carte sur table », résume Vincent Duchaussoy, secrétaire national du PS en charge du Travail et du Dialogue social.
« Il nous annonce une réforme systémique très inquiétante. Personne ne comprend où il veut en venir. Moi ce que je veux, c’est une réforme juste qui permette à chacune et à chacun de recevoir le tribut de sa vie professionnelle », a indiqué Olivier Faure.
« Nous attendons une parole forte de l’exécutif afin de savoir vraiment ce qu’il compte faire », insiste Vincent Duchaussoy. Car le conseil des retraites indique qu’il n’y a pas de danger immédiat pour le financement.
Pour l’instant, on sait que le nouveau mode de calcul se ferait par points. Mais on ne sait pas qui calcule le point. On pourra partir à la retraite à l’année 1, l’année 2 ou l’année 3 avec des retraites différentes. Le montant de la pension ne serait plus calculé sur les 25 meilleures années pour le privé ou les six derniers mois pour le public mais sur l’ensemble de la carrière. « Comment pouvez-vous, dans ces conditions, considérer que vous pourrez avoir une retraite plus forte que celle que vous connaissez aujourd’hui ? »
Il y a d’autres exemples. « Nous avons introduit la question de la pénibilité lors du dernier quinquennat », rappelle Vincent Duchaussoy. Aujourd’hui, on nous dit que tout le monde cotisera de la même façon mais c’est un vrai sujet. Celui qui a un col blanc, qui travaille jusqu’à 65 ans, peut-être souhaite-t-il continuer. En revanche, celui qui a travaillé dans un métier pénible mérite de partir plus tôt.
On a cru comprendre que le Président veut engager une « période de concertation ». Comme pour le Grand débat, comme par hasard, pendant la campagne électorale des Municipales. « Mais nous sommes enseignés par les leçons du passé », a rappelé Olivier Faure. « Les Français voulaient une France plus juste. Mais la France n’est pas devenue plus juste et on le verra encore avec le budget qui va être présenté au Parlement. Il faut que l’exécutif joue cartes sur table et dise ce qu’il souhaite, qu’on sache qu’elle est son intention et à partir de là qu’on puisse négocier, amender ou s’opposer ». Mais qu’on ne négocie pas dans le flou et qu’on sache vraiment ce qu’il entend faire.
Le 24 septembre, des manifestations se sont déroulées dans toute la France rassemblant 150 000 personnes, notamment à Brest, Quimper, Morlaix et Carhaix, à l’appel de la CGT, de Sud, Solidaires et l’UNSA. Cette première journée de mobilisation montre une réelle inquiétude vis-à-vis des projets du gouvernement qui n’a rien à gagner à jouer la montre.
Article publié dans le Cap Finistère n°1283 du 4 octobre 2019