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mercredi 25 décembre
Réussite scolaire et grande pauvreté, c’est possible
L’échec scolaire n’est pas une fatalité pour les enfants qui vivent dans la grande pauvreté. Mais il faut que l’école soit attentive à leur donner les moyens de réussir, a expliqué Marie-Aleth Grard, vice-présidente d’ATD Quart Monde, le 20 novembre à la fac de Brest, lors d’une table ronde organisée par l’antenne ATD de Brest et Les Amis du Monde diplomatique. 
Ce n’est pas une fatalité mais c’est malheureusement encore trop souvent le cas. En France, 9 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté avec moins de 1 000 euros par mois. Parmi elles, 2,3 millions vivent dans la grande pauvreté. « C’est-à-dire qu’elles cumulent les précarités d’éducation, de logement, de santé, d’emploi... », a précisé Marie- Aleth Grard. 
Plusieurs expériences montrent que ces enfants peuvent réussir à l’école, mais à condition que les enseignants travaillent en équipe, adaptent leur pédagogie et sachent associer les parents. 
 
« Tous les élèves peuvent réussir à l’école. » 
 
Déjà, la notion de réussite scolaire doit être précisée. Derrière ce terme, tout le monde n’entend pas la même chose. Pour le Conseil économique, social et environnemental, la réussite scolaire consiste à posséder le socle commun de connaissances à la fin du collège. « Lorsqu’on interroge des parents d’élèves en grande pauvreté, la réussite scolaire consiste à savoir lire et compter », a rappelé la vice-présidente d’ATD. Il faut bien avoir cette réalité en tête pour comprendre les enjeux de l’éducation prioritaire. 
Ensuite, il faut que les enseignants connaissent les réalités des quartiers dans lesquels ils enseignent et qu’ils comprennent aussi les difficultés que rencontrent leurs élèves, en particulier lorsqu’ils sont tiraillés par « le conflit de loyauté ». « On connaît de mieux en mieux ce phénomène », a expliqué Marie- Aleth Grard. « Lorsque la réalité que vit un enfant en classe est trop différente de celle qu’il vit chez lui, il doit arbitrer et, de manière inconsciente, bloque les apprentissages pour ne pas trahir sa famille ». C’est ainsi que l’échec scolaire se reproduit de générations en générations. 
C’est pour cette raison que les enseignants doivent apporter une attention particulière à l’accueil des parents, qui ont souvent une appréhension vis-à-vis de l’institution éducative. 
La question de la fracture numérique doit être prise au sérieux, alors que la plupart des relations enseignants/ parents passent maintenant par internet. Il existe un risque réel de mise à l’écart des parents qui devraient, au contraire, être encore plus impliqués dans la vie de la classe. 
Enfin, toutes les pédagogies ne se valent pas, en particulier lorsqu’il s’agit d’enseigner à des enfants qui peuvent se sentir exclus ou qui, trop souvent, ont pris l’habitude de ne pas se sentir intégrés. Les enseignants doivent insister sur l’estime de soi et la coopération de manière à valoriser les élèves.
 
Le rôle des collectivités
 
Pour les élu.es participant à cette table ronde, Émilie Kuchel, pour la ville de Brest, et Marc Labbey, pour le Conseil départemental, les collectivités ont aussi un rôle important à jouer dans la réussite scolaire des enfants, et en particulier ceux qui cumulent le plus de difficultés. Car s’il revient aux enseignants le soin de faire cours, les élu-es peuvent intervenir sur les aspects matériels mais aussi périscolaires qui jouent un rôle non négligeable dans le climat au sein des classes. 
« Nous avons fait le choix de conserver les rythmes scolaires avec cinq matinées », a précisé l’élue brestoise. 
À Brest, la réussite éducative passe également par les activités extra-scolaires qui permettent à des enfants de s’épanouir dans des activités physiques, culturelles, musicales ou sportives qui peuvent leur redonner confiance en eux. 
Le Conseil départemental, pour les collèges, est animé par la même volonté d’accompagner la communauté éducative en réalisant des investissements permettant d’améliorer les conditions de vie et d’études des élèves. Cela passe par l’aménagement des parties communes, des salles où étudient des élèves accompagnés d’AVS (Auxiliaires de Vie Scolaire) ou l’équipement numérique. 
« Nous avons engagé des actions spécifiques autour de l’alimentation », a précisé Marc Labbey. « Le Conseil départemental mène actuellement une réflexion sur le coût des repas en cantines dans les collèges de manière à mieux l’adapter aux situations individuelles et à ce que le choc ne soit pas trop violent entre le CM2 et la sixième. »
 
Article publié dans Cap Finistère n°1249 du 30 novembre 2018
 



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