Rias : dix ans déjà
S’il n’existait pas, il faudrait l’inventer. Le Festival des Rias a fêté son dixième anniversaire cette année et le succès ne se dément pas puisqu’il a encore attiré environ 60 000 personnes. Même s’il est assez difficile d’évaluer précisément le nombre de spectateurs pour des spectacles vivants qui se déroulent dans des sites souvent exceptionnels et originaux.
À l’origine, ce festival est né de la volonté de trois communes littorales, Moëlan-sur- Mer, Clohars-Carnoët et Riec-sur- Belon, dans la foulée des élections municipales de 2008. « Nicolas Morvan, qui était maire de Moëlan-sur-Mer à l’époque, a joué un rôle déterminant », se souvient Anne Maréchal, conseillère départementale déléguée à la Culture.
Ces trois communes avaient la volonté d’offrir des spectacles à leurs habitants, à la fin de la période estivale. « On ne savait pas ce que ça donnerait et la première année, environ
300 personnes ont répondu présentes ». En partenariat avec le Fourneau, années après années, le festival s’est développé, le public s’est de plus en plus étoffé.
« Il s’agissait aussi de mettre en valeur des lieux peu connus mais remarquables », se souvient Anne Maréchal.
En 2012, le festival a franchi un cap en devenant intercommunal. Des trois communes de départ, on est passé à 16. « Ce festival joue un rôle essentiel dans la cohésion du territoire », explique le président de Quimperlé communauté, Sébastien Miossec.
Toutes les communes se mobilisent même celles qui n’accueillent pas de spectacles.
Chaque année la formule s’améliore.
De gros efforts ont notamment été faits pour permettre aux personnes à mobilité réduite d’assister aux spectacles alors que la configuration des lieux de spectacles n’est pas toujours adaptée.
« L’organisation met aussi tout en oeuvre pour permettre à des publics qui n’ont pas l’habitude d’assister à ce genre de spectacles, comme les personnes âgées ou des personnes en situation de handicap, de venir », se félicite Anne Maréchal.
Cette volonté d’ouvrir les spectacles au plus grand monde est d’ailleurs un leitmotiv des Rias qui se demande, chaque année, comment toucher des nouveaux spectateurs, comment les accueillir dans les meilleures conditions.
Malgré des contraintes budgétaires toujours plus fortes, élus et organisateurs s’attachent à offrir des spectacles de qualité.
Et l’affluence, qui va crescendo montre que la programmation correspond aux attentes du public.
À l’issue du festival, élu.es, artistes et citoyens se sont retrouvés pour débattre à l’occasion d’une rencontre organisée par le Fourneau, la Fédé Breizh et la Fédération des Arts de la rue en Bretagne intitulée « On s’accorde sensible ».
Les artistes ont pu y faire part de leurs inquiétudes par rapport à la politique culturelle du gouvernement, mais aussi vis-à-vis des exigences de plus en plus drastiques en matière de sécurité. Sans nier les risques qui existent, ils demandent que la spécificité des spectacles de rue soit prise en compte.
« Nous portons l’idée de mettre en place un “ 1 % culturel ” pour les travaux publics », y a expliqué Fabienne Quéméneur de la Fédé Breizh. Une part des budgets de travaux publics serait consacrée à la création artistique. L’idée fait son chemin. L’an dernier à Rennes étaient organisées les rencontres inter-mondiales.
« Il s’agissait de faire se rencontrer des mondes qui s’ignorent, notamment les architectes et les artistes, mais aussi les professionnels du BTP ou les élu.es. Tous ces acteurs sont, à leur manière, créateurs ou utilisateurs de l’espace public mais il n’existe quasiment aucun espace où ils peuvent expliquer leur travail, leurs besoins, leurs envies ou leurs contraintes. Ces rencontres sont un premier pas, de manière à ce que l’espace public devienne un lieu partagé, où les arts et la culture auront toute leur place. »
Cap Finistère n°1239 du 21 septembre 2018