Dans une Tribune publiée dans Le Télégramme, Jean-Jaques Urvoas, maître de conférences en droit public à l’Université de Brest, s’est fait le porte-parole de milliers d’étudiants, parents d’étudiants et universitaires qui voient bien que la fermeture des campus aura des conséquences pédagogiques, psychologiques et sociales dramatiques.
Dans un récent courrier adressé aux présidents des universités, notre ministre de tutelle vient d’indiquer qu’en janvier, les facultés « pourront accueillir sur convocation les étudiants (...) en situation de grande vulnérabilité, cela dans la limite de dix personnes par groupe ».
Cela veut donc dire que les 500 étudiants de première année de licence en droit inscrits à l’UBO (Université de Bretagne Occidentale) ne retrouveront pas le chemin des amphithéâtres. Ils seront donc contraints de suivre leurs enseignements à distance, ce qui est loin d’être une panacée.
Sur le plan pédagogique, ce traitement singulier imposé aux universités - alors que l’enseignement primaire et secondaire comme les classes préparatoires sont restés ouverts - est une catastrophe.
Un cours en amphithéâtre peut être une invitation à la réflexion, à la digression. Platon ne nous a-t-il pas appris que l’acquisition du savoir passe par le questionnement, le dialogue ou l’ironie... impossible à partager avec un écran noir et muet ?
Pour les étudiants, aucune étude fiable n’est disponible mais tout converge pour craindre que cette année si dégradée se solde par un bilan très sombre. Leurs conditions de travail se sont naturellement altérées, leur charge de travail s’est multipliée, leurs difficultés se sont accumulées. Au quotidien, suivre les tristes monologues de l’enseignement à distance, c’est d’abord subir l’isolement propice au décrochage.
Bien sûr, personne n’ignore la situation sanitaire. Mais les auteurs des sermons culpabilisants et infantilisants à destination des étudiants ont-ils passé une matinée dans nos
bâtiments ? Si tel avait été le cas, ils auraient observé des étudiants sérieux, conscients et respectueux des consignes sanitaires. Ils auraient vu les efforts des personnels administratifs pour que le service public puisse néanmoins assurer ses missions.
2020 fut une année noire. Les étudiants ne méritent pas que 2021 débute sous des auspices aussi sombres. Rouvrez les amphis !
Article publié dans le Cap Finistère n°1338 du 15 janvier 2021
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